Les compagnies pétrolières et le carburant en détail
En Guyane, les compagnies pétrolières sont quasiment propriétaires de toutes les stations-services de carburants. Malgré les différentes enseignes qui identifient ces stations, le carburant qui est servi est le même. La raison est simple car, le seul fournisseur de produits pétroliers en Guyane est la SARA.
La SARA ou Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles est en position monopolistique dans l’approvisionnement en carburant. L’initiative de la création de cette entité vient du gouvernement du Général De Gaulle pendant la période de la guerre froide pour paraît-il assurer l’indépendance énergétique des Antilles Guyane.
Depuis la chute du mur de Berlin et de l’implosion de l’URSS, plus rien ne justifie cette situation monopolistique. L’époque de la guerre froide est révolue. Pourtant, le business continue et c’est donc le même produit qui est distribué à toutes les compagnies pétrolières malgré l’apparence de leur nom différent (VITO-RUBIS, BAMYRAG –TOTAL et le dernier venu SOL)
En tant que producteur, la SARA assure 60% des besoins énergétiques de la Guyane, de la Martinique et de la Guadeloupe. Les 40% des besoins non satisfaits par la production sont importés par la même raffinerie qui assure la distribution. On peut légitimement s’interroger sur les profits réalisés sur le segment concernant les importations. Y-a-t-il vraiment transparence sur la totalité du produit distribué ?
Qui sont donc les actionnaires de la SARA ?
Cette raffinerie est une SA composée de quatre actionnaires que sont Total à hauteur de 50% et majoritaire, Rubis à 24%, Esso 14,5% et Texaco 11,5%. Les groupes Esso et Texaco sont étrangers et ne détiennent pas la minorité de blocage (26% au lieu de 33,33%). Autrement dit, les seuls maîtres à bord sont les entités françaises Total et Rubis. Total est une SA connue du CAC 40 alors que Rubis est une SASU (Société par actions simplifiée Unipersonnelle) soit un associé unique.
Abus de Position
Il importe de savoir que Total et Rubis sont majoritaires sur le marché de détail de carburants en Guyane. Autrement dit, ils contrôlent tout le circuit de carburants de la production au commerce de détail. Cela permet notamment à la SASU Rubis de proposer aux gérants de stations-services en Guyane des contrats de subordination sans la moindre rémunération, de fournir aux gérants de stations la distribution du carburant sans garantie de contrôle. En effet, il n’y a pas de compteur sur les véhicules de livraison et d’autre part, la quantité de produit à livrer n’est pas plombée au départ à la connaissance du gérant. Seul le Vander-root qui est un appareil électronique installé par la compagnie pétrolière donne la quantité livrée qui doit être comparée à la quantité commandée. Or, la compagnie pétrolière ne tient pas à prendre en considération les écarts de livraison constatés sur un support papier délivré par cet instrument. Ce positionnement contredit le droit commercial qui veut que l’on paie ce que l’on a acheté. D’autre part, cette situation monopolistique conduit certaines compagnies pétrolières à effectuer des abus de loyer qui engendrent de la discrimination entre les gérants selon qu’ils sont dociles ou rebelles. A titre d’exemple, les loyers en Guadeloupe sont transparents et le mode de calcul est le même pour tous les gérants non propriétaires des lieux.
Le sentiment d’impunité qu’expriment certaines de ces compagnies résulte de leur situation de monopole qui les laissent croire qu’ils sont au-dessus des lois et qui les conduisent à penser que leur puissance commerciale à l’égard des gérants est à assimiler au dicton « le pot de fer contre le pot de terre ». Certainement que leur partenariat avec le Ministère de l’Industrie, les Préfets de Région au niveau de la production de carburants les laisse entrevoir des relations privilégiées.
Tout se passe comme nulle part ailleurs. Nulle part où il existe une démocratie.