Le samedi 26 mars 2022 à 9 heures, la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) a organisé le Congrès des Elus de Guyane sur l’évolution statutaire de la Guyane. Le Parti Progressiste Guyanais (PPG) n’était pas présent. Pour autant, cela ne signifie pas qu’il n’est pas intéressé pas la question ni que celle-ci est sans intérêt. En tant que parti politique, il a toujours apporté ses contributions écrites à cette question existentielle pour les populations de ce territoire. Par contre, il n’est pas motivé par ces grand-messes d’où il n’en sort rien de concret. La présence des média pousse certains à faire le show et les attitudes sont le plus souvent alambiquées. Certains acteurs oublient presque qu’il s’agit de la vie des gens, de leur existence dont il est question, c’est pourtant une interrogation essentielle qui va au-delà de la simple approche politique.
L’ancien député-maire Léon Bertrand lors d’une interview récente durant laquelle il se prononçait sur son choix parmi les différents candidats aux élections législatives sur les deux circonscriptions et pour camoufler ses contradictions a pris pour exemple que tout le monde était d’accord pour l’évolution statutaire de la Guyane. Selon moi, il y a fourvoiement. Tout le monde est peut être d’accord que les modalités d’exercice du pouvoir dans les Outremers sont archaïques dans un monde en mouvement. Par ailleurs, les élus qui étaient favorable à l’article 73 de la Constitution en 2010 disent aujourd’hui que les articles 72, 73 et 74 sont dépassés sans pour autant en faire la démonstration. Rien dans la politique menée depuis 12 ans ne vient légitimer une métamorphose citoyenne. En fait, contrairement à ce qu’on cherche à véhiculer dans la société, on est d’accord sur rien. Pour s’en convaincre, il suffit de revoir le film de la journée du 26 mars 2022. L’évolution statutaire a été appréhendée comme une donnée politique spécifique qui se distingue de la société où s’exprime le mouvement social.
Dans ce monde ouvert, les rapports politiques de l’Etat avec ses sociétés d’Outremer apparaissent anachroniques et ressemblent aux modalités d’exercice du pouvoir du 19ème siècle. Si à cette époque il était facile de distinguer le social de la politique, il en est autrement de nos jours où les actions gouvernementales infiltrent tous les secteurs de la société et impactent donc la vie sociale des collectivités humaines. Par suite, poser le problème du statut des sociétés d’Outremer correspond à clarifier les rapports politiques entre l’Etat et ces entités.
Pour autant, malgré cette nécessité de clarification il ne reste pas moins vrai que la force de la société réside dans son niveau de culture et de qualification, dans la pertinence de son libre-arbitre et dans sa capacité à analyser, à ordonner et à se responsabiliser. Une société qui veut s’émanciper, se prendre en charge à pour obligation d’élever son niveau de culture or, l’inaction des politiques dans ce domaine est criante, elle est source d’inégalités pérennes et contribue à freiner une dynamique de croissance et d’épanouissement pourtant possible. Il y a bien une raison culturelle qui nourrit la xénophobie. L’inaction en politique éducative et en estime de soi explique les raisons pour lesquelles actuellement 53% des guyanais vit sous le seuil de pauvreté lorsqu’en 2006 ils n’étaient que 25% (ce qui était déjà trop).
Si on veut plus de raison et davantage de cohérence dans la société guyanaise, il faut une grande politique d’alphabétisation, de qualification et de culture générale. Elle doit être volontaire et prise en charge par toutes les collectivités institutionnelles. Construire des écoles, des collèges et des lycées par les collectivités concernées se conçoit clairement néanmoins, ils ne restent que des outils. En conséquence, les collectivités qui se responsabilisent en assurant ces constructions doivent exiger des utilisateurs de ces outils une obligation de résultat tant quantitatif que qualitatif de sorte que l’espérance d’obtenir le baccalauréat pour un élève de sixième sous statut scolaire soit bien plus forte que ce qu’elle est aujourd’hui dans l’académie de Guyane. Autrement, ces outils ne servent à rien et il faudrait investir ailleurs. Les politiques doivent donc exiger du Rectorat de prendre des dispositions efficaces pour que le personnel enseignant ainsi que le personnel technique et administratif soient dans de bonnes conditions d’épanouissement pour assurer leurs tâches avec pour objectif l'excellence.
Il est évident qu’un peuple éduqué, motivé est plus à même d’accompagner voire de soutenir l’évolution statutaire dont le territoire à réellement besoin. C’est par cette dimension culturelle au sens large qu’il va avoir une plus grande estime de lui et par implication un meilleur espoir en l’avenir. Son engagement aura du sens grâce aux perspectives que peut lui offrir cette société nouvelle et responsable. Si les cadors politiques actuels sont fatigués qu’ils laissent la place aux jeunes générations afin que vivre sur ce territoire soit l’œuvre d’humanistes et de gens de culture.
La qualité de la formation du peuple tant par les structures privées que publiques est une garantie de bien-être et de vivre ensemble. Par implication, l’évolution statutaire cesse d’être une illusion, un leurre et une source de polémiques.
Que chacun prenne ses responsabilités.