Lorsque l’on utilise l’injustice pour punir l’injustice c’est toujours l’injustice et cela donne la nausée. Lorsque l’on utilise la manipulation pour maintenir au pouvoir un dictateur ou pour le faire tomber c’est toujours de la manipulation. De quelle morale s’agit-il, sinon d’une morale de la perversité…
Kadhafi n’est pas plus dictateur aujourd’hui qu’il ne l’était hier. Il me semble que les hommes de culture devraient se pencher et s’exprimer clairement sur ce type de situations car, elles sont à l’origine du recul de l’humanisme, à l’origine de la montée de la haine et surtout à l’origine du discrédit de toute politique nationale et internationale.
« Babilown Malowé, la République culturelle » sous la plume de Blaise APLOGAN avance les raisons pour lesquelles Kadhafi gêne l’occident. Indépendamment du fait qu’il est à l’origine du premier satellite de télécommunications africain, il envisageait de créer trois grandes banques en Afrique dont le FMA (fonds monétaire africain) qui devait supplanter le FMI (fonds monétaire international) qui asphyxie les économies des pays en voie de développement. Cette source d’informations n’est pas moins crédible que toutes celles venant de l’occident.
Bien entendu, cet élan révolutionnaire par rapport à la main mise de l’occident sur quasiment toutes les économies en voie de développement n’efface pas les méfaits du dictateur libyen tout comme la statue de la Liberté ne peut banaliser Guantanamo et les tortures qui ont eu lieu en Irak. La violence à ce point n’est pas tolérable ni quand on la fait subir à son peuple, ni quand on la fait subir aux autres peuples.
Ces dictateurs sont souvent mis en place par les grandes puissances lorsque leurs intérêts sont en jeu. Ce fut le cas de l’Iran avec le SHA. Idem pour l’Irak avec Saddam Hussein et on pourrait en citer d’autres en incluant Kadhafi.
Tout ceci ne se faitpas au profit des peuples et ce ne serait pas excusable, mais dans l’intérêt d’une oligarchie internationale, d’une caste de privilégiés. Lorsque ces dictateurs servent les intérêts des grands matérialistes de ce monde, il est quasiment impossible de les déloger et la souffrance des peuples est le cadet de leurs soucis. Lorsque ces mêmes dictateurs ne servent plus leurs intérêts, leur élimination est rapide même s’il faut détruire le pays ou bombarder les civils par milliers. C’en était ainsi de l’Irak de Saddam Hussein, de la Tunisie de Ben Ali dans une moindre mesure et aujourd’hui de la Libye de Kadhafi.
A qui le prochain tour ? Peut être à ceux qui ont été reconnus récemment comme représentant le peuple libyen sans avoir été choisi par le peuple lui-même. N’est-ce pas une nouvelle dictature ?
Lorsque les peuples du monde entier auront compris que leur bonheur est intrinsèquement lié, ils feront eux-mêmes la chasse aux dictateurs et aux fabricants de dictateurs. La paix du monde est entre les mains des peuples épris d’humanisme.