Le conseil s’est réuni à son lieu habituel. L’ordre du jour appelait :
• L’approbation du compte administratif 2009
• Le vote du Budget 2010
• La mise à jour du tableau des emplois
• La fixation du taux des 4 taxes directes locales
• L’élection des membres de la commission d’appel d’offre
• La désignation des délégués aux organismes extérieurs et au conseil d’administration des différents établissements publics
• La fixation des indemnités de fonction des conseillers municipaux délégués.
Je vous rend compte de ce conseil en ne choisissant que les points de l’ordre du jour qui me paraissent significatifs et pour lesquels j’estime nécessaire de les commenter. Il s’agit :
• De l’approbation du compte administratif
• Du vote du Budget 2010
• De la fixation des indemnités de fonction des conseillers municipaux délégués.
Je vous tiendrai au courant également d’un échange qui a eu lieu entre le maire sortant et un membre de « l’opposition » du Parti Socialiste Guyanais (PSG) sur une question relative au Plan de Développement et de Rénovation Urbaine (PDRU).
La séance a commencé avec 5 minutes de retard. L’ambiance était plutôt froide, l’atmosphère lourde. Madame le maire ouvre la séance, met les procédures habituelles en place. Il y avait quelques procurations, et je dois dire que c’est la première fois, me semble t-il, qu’il y a autant de membres de la majorité absents.
Il importe de préciser que ce conseil était prévu pour le jeudi 8 courant. Il n’a pu se tenir car, les documents qui nous avaient été transmis, particulièrement le compte administratif et le budget n’avaient pas fait l’objet de vérification par la commission financière. C’est contraire à la loi. Par ailleurs, pour les élus de l’opposition qui voudraient se pencher sérieusement sur les documents, cela fait du travail pour rien d’autant que certains chiffres qui y figuraient ont été modifiés par la suite.
Avant de commencer le débat sur les comptes, le maire sortant prit la parole pour faire savoir que compte tenu des différents déplacements qu’il aura à faire en raison de sa nouvelle fonction de Président de Région, il demande au Maire nouvellement élu de lui enlever toutes ses délégations. Ce n’était pourtant pas un point à l’ordre du jour, d’autre part, je ne suis pas sûr de la légalité de la procédure. Ceci explique peut-être la lourdeur de l’atmosphère en tout début de séance.
Approbation du compte administratif.
Je suis le seul élu à n’avoir pas approuvé par mon vote négatif le compte administratif 2009. Cette fois-ci, je n’ai donné aucune explication avant de faire connaître mon vote. Je l’ai fait volontairement car je considère que les élus de l’opposition ont la même légitimité que ceux de la majorité. Lorsqu’ils s’expriment le maire se doit de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’invectives ni d’interprétations de leurs propos.
Dans le compte administratif j’ai constaté que la dotation aux amortissements n’a pas fait l’objet d’écriture comptable or, il y a eu des mouvements de valeurs immobilisées durant l’exercice et il serait surprenant que les immobilisations récemment acquises soient intégralement amorties. Il y a pour moi un problème de permanence de la méthode et de l’évaluation par rapport à l’exercice précédent. Quand bien même il s'agit d'une charge non décaissable, dans le cadre de la M14, le constat de la dépréciation du bien immobilisé est obligatoire. Par voie de conséquence les charges doivent être augmentées en conséquence et le résultat global devient une perte.
Le déficit de la section fonctionnement est colossal puisqu’il est de l’ordre de 7 530 654,37, il a été financé par les ressources d’investissements. Il s’agit du deuxième exercice du Maire sortant qui de surcroît faisait partie des équipes précédentes durant dix neuf ans.
La situation ne s’améliore pas malgré l’emprunt qui a été fait lors de sa première mandature. C'est une gestion qui continue à pénaliser l’investissement. Par ailleurs, la lecture politique du compte administratif n’est pas en adéquation avec les promesses de campagne de cette majorité ("Champs Elysée" de l'avenue d'Estrée, Le pont Justin Catayé etc.).
Force est de constater que l’équipe majoritaire n’a pas respecté ses engagements envers le prêteur l’AFD (Agence Française de Développement) en matière de « charges à caractère général ». Il y a un dépassement de plus de 2,5 millions d’euros. Les dépenses de "fêtes et cérémonies" sont passées de 237 184,91 € à 662 916,02 €. Le maire sortant explique que c’est volontaire. Il justifie cette augmentation par une phrase sibylline du genre, il faut que la population s’approprie le territoire communal pour faire reculer l’insécurité (très obscur !). L’argument qui serait le plus convaincant serait celui qui consiste à énoncer que pour faire reculer l’insécurité, il aurait fallu mettre de l’éclairage dans la ville aux endroits où cela fait défaut. Autrement, j’ai toute légitimité pour penser que cet accroissement de dépenses était de nature à influencer d’une part, les consultations populaires des 10 et 24 janvier 2010 et d'autre part, la campagne pour les élections régionales 2010. Surtout, éviter de me dire que ces événements ne sont pas sur l’exercice 2009.
Enfin, je trouve que la lecture des emprunts n’est pas suffisamment claire lorsque l’on sait qu’il y a eu auparavant l’affaire Pacary, l’histoire des photocopieurs.
Vote du Budget
Je me suis abstenu car la lecture du budget à partir des politiques publiques qui sont censées orienter les actions de la collectivité municipale ne correspondent pas aux promesses de campagne de l’équipe majoritaire. Les électeurs méritent plus de respect. D’autre part, l’économie étant quasiment sous perfusion, j’ai du mal à croire que la section de fonctionnement sera plus performante qu’elle ne l’a été pour cet exercice 2009. Il y a également toujours le problème de la traçabilité des emprunts.
Enfin, je crois profondément que la situation est encore plus grave que les documents ne la laissent apparaître. Je pense que c’est pour cette raison qu’un des arguments avancés consiste à dire que le logiciel utilisé jusqu’alors est insatisfaisant et qu’il vient d’être remplacé par un nouveau, apparemment plus performant, depuis le début de l’année 2010. Nous aurons certainement une meilleure traçabilité et une meilleure exploitation des données avec l’avènement du nouveau maire, sic…
Fixation des indemnités des conseillers délégués.
Lors de l’installation du conseil municipal, alors que le maire avait une grande expérience de la fonction municipale (19 années avec le PSG), il n’avait pas songé à démultiplier autant sa délégation. Voilà que pour la mise en place du nouveau maire, les délégations sont quasiment multipliées par deux, treize adjoints au maire et onze conseillers délégués. Ce sont les fameux suppléants des adjoints au maire qui ont été retirés durant la séance après le vote du maire car, cete initiative douteuse n'est pas conforme au droit.
Cette opération apparaît avoir un double sens. Le premier, inductif, serait de constater l’indisponibilité du nouveau maire pour sa fonction et en même temps son éventuelle incompétence qui justifierait la nécessité de ne pas lui laisser trop de pouvoir entre les mains. Le deuxième, déductif, serait lié à leur expérience de l’équipe qui ne permettait pas d’envisager une majorité sûre. Par suite, la solution aurait consisté à « acheter » les votes en offrant des délégations rémunérées puisque l’indemnité a été fixée à hauteur de 224,48 € mensuel. Autrement dit, le prix de la négociation jusqu'en fin de mandat serait de l'ordre de 10 775,04 € par conseiller délégué. Il faut bien pouvoir justifier ce changement de stratégie...
C’est une posture pour le maire sortant qui vaudra son poids à la fin de l’exercice 2010 si les résultats sont très catastrophiques, tant sur le plan politique que sur celui des finances. Il sera aisé d’avancer la responsabilité du maire et de ses multiples délégués avec ce pouvoir atomisé. Il est évident que je n’ai pas voté une telle proposition.
La question du PDRU/ANRU
Un membre de « l’opposition » (PSG) pose au nouveau maire la question des finances du PDRU qui risquent d’être perdues, Le maire sortant répond à l’intéressé par de vraies phrases révolutionnaires du type : "Ce n’est pas l’Etat qui nous dira ce qu’il y a à faire, c’est une question qui sera traitée par les guyanais, c’est vrai que le dossier était mal goupillé dès le départ, je ne fais pas de polémique, mais ce sont les guyanais et pas les fonctionnaires qui vont devoir régler ce problème etc. etc. etc."
Là, je suis assis. Je suis content de cette nouvelle expérience car, je n’aurais pas connu ce monde de la politique si les circonstances de la vie ne m’avaient pas conduit à cette fonction pour laquelle j’ai beaucoup de respect. Je crois que le maire sortant venait d’oublier qu’il avait mené campagne parce qu’il n’était pas prêt, justement pour régler les problèmes entre guyanais. Il a fait une partie de la population s’identifier à lui de sorte qu’il soit l’artisan de la subordination collective. C’était l’article 73.
J’étais pantois. Je me suis dit tout compte fait, ils sont entre eux, ils s’aiment. Ils donnent à chaque instant la preuve de leur estime réciproque. Ils viennent de débarquer trois élus de leur camp en les traitant de lâches. Ils viennent de transmettre à une des leurs le flambeau du pouvoir municipal et, ils se sont précipités sur les média pour informer la population que tout est clean. Ainsi, il sera trop tard, pour dire que c’était un cadeau empoisonné. « Je t’aime moi non plus ».