Ma philosophie de la vie, de l’existence est fortement imprégnée par l’importance du relatif. Même la connaissance trouve chez moi une démarche critique. La raison en est simple. Notre connaissance est une restitution de ce que nous avons appris. Donc à un moment nous étions apprenants. Ce que nous apprenions de l’enseignant, du Maître éventuellement est ce que lui-même restitue de ce qu’il a appris. Alors, est-il légitime d’interroger cette connaissance, cette représentation ? L’évidence m’apparaît dans le protocole de sa mise en application et surtout à quel moment et pourquoi vais-je l’utiliser ?
C’est donc dans cet état d’esprit que j’envisage de parler avec vous de la liberté. En ces temps difficiles où les mesures d’exception, en France, ont été transférées dans le droit commun, où les comportements individuels s’exacerbent au point de faire revivre l’adage « chacun pour soi Dieu pour la compagnie », la réflexion sur le sujet n’est pas une fantaisie. Elle nous demande du sérieux dans son approche et par implication un engagement citoyen dans le sens premier du terme. Le but essentiel est la recherche de la vérité et le perfectionnement intellectuel et social des sociétés humaines. Celui qui est interpellé par les conditions humaines ne peut pas ne pas en faire son credo existentiel.
Je ne vais pas vous énumérer tous les événements qui émaillent les sociétés humaines et particulièrement les sociétés dites démocratiques dont les plus importantes sont les USA, l’Europe et ses périphéries. Mais, la problématique du vaccin anti-covid, les catastrophes de la Méditerranée pour une catégorie de peuple, les crises organisées en Amérique du Sud, les convoitises sur les ressources de l’Afrique, la guerre russo-ukrainienne, la situation du site Amérindien en Guyane face à la CEOG, posent le problème de la liberté dans sa plus fine subtilité.
Pour appréhender la liberté de manière objective, il me semble qu’il est important de situer l’espace dans lequel on l’étudie. Un peu comme pour les fonctions mathématiques. Une chose me paraît fondamentale. Si la liberté est devenue un sujet aussi central, c’est certainement parce que les conditions d’existence deviennent de plus en plus insupportables et que l’on constate un réel délitement des sociétés. Je vous propose donc d’appréhender la liberté sous deux aspects, l’un sous l’angle rationnel, cartésien et l’autre sous l’angle ésotérique. Ensuite, je tenterai de voir s’il y a un lien entre l’approche cartésienne et l’approche ésotérique du sujet.
Dans l’approche rationnelle, le discours sur la liberté nécessite un domaine de définition dans lequel il s’inscrit. Pour cela j’en vois trois espaces distincts. Le premier concerne l’espace individuel par l’adjectif « libre ». Dans le langage courant la liberté est un attribut de l’être humain. C’est ainsi que chacun le perçoit. En ce sens, être libre est un adjectif qualificatif qui dépend de la volonté de chaque individu de pouvoir faire, d’agir, donc de générer une action. L’action donc précède la liberté. Dans ce contexte elle apparaît comme absolue. Chaque individu ne la verrait pas autrement. Elle est le contraire de la servitude, de la soumission, de l’esclavage, de la captivité parce qu’en amont elle n’inclut aucune contrainte. La liberté définie comme telle doit être reliée à un univers individuel ou la raison d’agir vient d’un projet, d’une intention, d’une décision.
Dans le deuxième espace, l’interrogation est la suivante. Cette liberté absolue individuelle est-elle compatible avec une communauté de destin ? Autrement dit, est-elle compatible avec le vivre-ensemble ? On comprend immédiatement que l’espace de définition n’est pas le même, que le discours de la liberté doit prendre en compte le collectif. En ce sens, se pose le problème de la réalisation de la liberté dans cet espace de vie commune qui n’est pas autre chose que la vie humaine. La notion de liberté est articulée différemment. On n’en vient pas à des contraintes mais à une nouvelle acception de la notion de liberté. En fait, il s’agit de trouver un accord sur les désaccords constatés pour la vie collective. De cette démarche découle la démocratie. C'est-à-dire la notion de liberté qui sera partagée par tous. Il est clair que ce domaine de définition introduit la notion de société politique et que la réflexion concerne l’éthique et la politique. En tout état de cause cela ne peut être qu’une société de liberté. Cet espace fait forcément appel à la construction d’institutions qui obligatoirement garantissent l’égalité de tous devant la loi et créent la confiance à leurs égards. Dès lors, la notion de responsabilité individuelle et collective est posée dans cette communauté de vie. En conséquence, la liberté s’exprime différemment que dans le premier espace. Au reste, on ne parlera plus de liberté mais, des libertés. Elle devient sociologiquement une norme, une loi, elle est l’expression du pouvoir politique. C’est ainsi que l’on parlera des libertés politiques, économiques, sociales et civiles.
Le troisième espace où s’inscrit la notion de liberté est différent du précédent. En effet, la nécessité du vivre-ensemble a conduit à trouver un accord sur les désaccords. C’est donc un effort collectif qui est demandé à l’ensemble de la communauté humaine. Il s’agit donc d’une liberté à minima dans la mesure où elle est assise sur un dénominateur commun. Cet effort est un sacrifice effectué par l’ensemble de cette communauté de vie. Qu’est ce qui justifie cet effort ? Ici donc, le discours de la liberté est autre. Il va relever d’une question existentielle. On va s’interroger sur la réalité de cette organisation sociale. La nécessité du vivre-ensemble qui a permis de relativiser la liberté individuelle absolue ayant entraînée l’acceptation d’une liberté relative n’est pas suffisante pour qu’elle s’impose à tous. Les règles du vivre-ensemble peuvent émaner de la raison du plus fort, du plus malin ou du plus malhonnête. Autrement dit, les gouvernements tout en se réclamant démocratiques peuvent être au service des plus forts, des plus minables, des plus déloyaux. Par voie de conséquence, l’espace de définition de ce discours de la liberté résulte de la question philosophique fondamentale de laquelle va découler une organisation sociétale juste, probe, moralement acceptable et politiquement clair. Il s’agit d’une question ontologique. Comment la réalité de cette communauté humaine doit-elle être constituée pour que la liberté y trouve sa place. Nous ne devons pas perdre de vue que la société doit accompagner les individus dans leur développement intellectuel et social. C’est le sens du progrès. Il est lié au mode d’être dans la société. Si cet objectif est défini à l’avance, chaque individu sait ce qu’il attend de la société et ce que la société attend de lui. Ce mode d’être constitue le déterminisme de la société.
Au-delà du raisonnement logique qui se construit sur le rationalisme, n’y a-t-il pas un autre plan sur lequel on pourrait s’appuyer pour que notre existence ait du sens. Généralement, tout ce qui ne relève pas du rationnel est considéré comme inintelligible, indéchiffrable, abstrus. Dans la mesure où je ne partage pas ce point de vue, au risque de vous choquer, je vais interroger l’ésotérisme sur la liberté.
Que nous dit la science ésotérique ? Elle nous enseigne que la liberté est liée à la conscience et ne peut se réaliser sans la responsabilité. Autrement dit, la liberté augmente que si la conscience se développe. C’est à partir de ce postulat que l’on doit comprendre que la liberté individuelle est un droit sacré et qu’elle doit être au service du collectif. Elle est le carburant de la force mentale et de la détermination.
On en déduit que le niveau de conscience est un élément fondamental de la liberté. Le tout est de savoir qu’est-ce que la conscience ? Avant de faire une esquisse de la conscience, j’aimerais rappeler ce que la science ésotérique affirme. D’abord, elle est pragmatique et propose d’aider l’homme à se fixer des objectifs successifs durant son développement. Elle affirme que le bonheur de l’homme n’est pas un objectif matériel mais un sentiment qu’on éprouve au fur et à mesure de son développement. Pour ma part, la conscience n’est pas seulement un sujet de la science ésotérique. Elle est le moteur d’une communauté humaine qui va forger son caractère, élever au plus haut rang sa dignité au point d’accepter une mort héroïque, brave à une vie indigne. Elle appartient à l’être humain et participe à son mystère. Au-delà de toute croyance, l’être humain ne serait-il pas une formule mathématique telle que la gravitation ? Peut-être que son ignorance l’empêche de voir sa force profonde telle que celle de la lune qui est un satellite qui tourne autour de la terre en 27 jours sans perturber sa trajectoire.
Ce qui est important est que la conscience apparaît pour la science ésotérique comme essentielle. Elle est l’espace spirituel de l’individu. De ce qu’on peut en tirer est la connaissance au sens ésotérique du terme. Nous savons chacun ce qu’est notre vie mais, nous ne savons pas tous si nous étions en mesure d’en faire plus. Nous pouvons dire par exemple que notre vie est la somme de nos pensées, de nos perceptions et de nos émotions sensuelles. Mais, quelle est la chose qui permet de faire émerger tous ces éléments ? C’est donc ça la conscience. C’est ce dont nous devons prendre conscience. C’est cette conscience qui annihile la peur laquelle tétanise des groupes humains, des communautés humaines, des nations, des peuples. Lorsque la science ésotérique affirme que la liberté est un droit sacré, elle fait référence à cette prise de conscience et nous invite implicitement à l’élever tant sur un plan individuel que collectif. Par suite, elle indique que la liberté est le prix de la conscience. La connaissance de soi et la connaissance des autres sont fondamentales pour la liberté. C’est donc la conscience qui permet de mesurer et d’assumer la responsabilité de nos actes. La conscience est également la capacité de notre cerveau à globaliser nos différentes perceptions sensuelles. Le progrès de l’humanité passe par la prise de conscience de soi et de la communauté humaine à laquelle nous voulons appartenir.
Y a-t-il un lien entre la liberté sous l’angle rationnel et sous l’angle ésotérique ? C’est une évidence. Une communauté humaine est la somme d’individus en interaction. Sous l’angle rationnel sans la conscience la liberté peut ne pas dépasser la phase théorique. Donc, il convient de mettre à la disposition des citoyens les outils de prise conscience permettant leur développement mental. Par suite, c’est en connaissance de cause que tout un chacun comprendra le sens de son existence et se sentira solidaire de manière intelligente de la communauté humaine à laquelle il appartient.