On a suffisamment dit sur la TSC, passons à autre chose de plus instructif et de plus intelligible, c'est à dire l'approche culturelle que génère sa situation. La meilleure lecture que l’on peut avoir d’un dirigeant est celle que l’on fait lors de ses différentes postures face à des situations complexes.
La Région Guyane, après avoir consulté paraît-il tous les maires, a décidé de baisser la taxe spéciale sur le carburant (TSC). Le principal argument avancé pour justifier cette décision repose sur un surplus de recettes constaté sur le premier semestre 2010. L’argumentation est la suivante : La Région a prévu une recette de 50 millions pour l’année. Au cours du premier semestre la recette étant de 29 millions, elle en déduit qu’elle a 4 millions de recettes supplémentaires et par voie de conséquence elle en aura 8 millions à la fin de l’année. Elémentaire bien sûr… La prévision est assise là sur un raisonnement algébrique à une seule variable. Vu sous cet angle, il est certain que les dirigeants favorables à l’article 73 au prétexte qu’ils n’étaient pas prêts pour le 74 ont tout a fait raison. Si les prévisions étaient d'une telle simplicité on n'aurait pas besoin de spécialistes.
Plus surprenante est l’attitude des maires qui sans cesse se plaignent de ne pas avoir suffisamment de recettes pour faire face à leurs besoins d’équipements, qui sans cesse interpellent l’Etat pour des dotations supplémentaires, qui contestent régulièrement le recensement démographique qu’ils trouvent toujours en-deçà de la réalité par rapport à la dotation de l’Etat, qui expliquent en permanence qu’ils ne peuvent avoir accès aux financements européens parce qu’ils ne sont pas en mesure d’apporter leur contribution, enfin, qui ne cessent de nous bassiner lorsque çà les arrange (pour pouvoir tromper la population) de rattrapage.
Cette attitude aussi bizarre qu’ambigüe cache certainement quelque chose. La plus évidente est le populisme, la moins évidente et reste une supputation est : « les mains liées » ou « le suivisme équivalent de déficit de caractère ».
Comment décrypter une telle situation ? Après avoir posé quelques préalables, je vous propose des angles d’observations différents en espérant contribuer à faire échec au populisme, au clientélisme, pour qu’en toute conscience chaque citoyen puisse construire son avenir en défiant ces géants du mensonge et puisse éviter de faire le choix du leurre de l’immédiateté au détriment de la stabilité sur la durée.
En économie, une des choses la plus importante est la transparence des prix or, comme vous le savez la composition du prix du carburant est loin d’être le cas (voir article 18/10/2008) . D’autre part, dans une économie ouverte le principe de base est la concurrence loyale.
La taxe est une charge fiscale sur les achats ou sur une situation, elle sert à financer les dépenses des collectivités territoriales. Elle doit donc répondre à la réflexion suivante : chacun paie et tout le monde en profite c’est le principe de la solidarité.
Dans l’hexagone la TIPP n’est pas la même pour toutes les Régions. Par exemple, la collectivité territoriale Corse est mieux dotée que la Région Aquitaine. Si le Président de Région de Guyane considère que le territoire est suffisamment développé pour ce qui concerne ses compétences, il lui est loisible d’aligner sa dotation régionale sur une des régions de France hexagonale dans la mesure où les collectivités territoriales s’administrent librement. Ainsi, au lieu de percevoir 28,782 cts par litre de super et 18,761 cts par litre de diesel il pourrait s’aligner par exemple sur la collectivité territoriale Corse et fixer sa dotation à 9,52 cts sur le gasoil et 13,45 cts sur le super sans-plomb. Ainsi, il n’entraînerait pas les autres collectivités dans son sillage et le résultat du populisme serait pour lui seul. Les consommateurs de carburants et eux seuls en seraient séduits car ils paieraient le carburant à la pompe 1,35 € le super sans-plomb et 1,24 € le gasoil, malgré l’augmentation prévue du 15 août. Les Communes, le Conseil Général et le SMTC ne seraient pas amputés de leur surplus et pourraient mieux financer leurs investissements.
Ceci étant dit, décryptons la situation.
Le monde et nous.
Nous serions tentés de dire que notre existence est du « pipi de chat » dans le concert mondial. Ce serait une erreur car, les attitudes même dans un environnement microscopique sont un indicateur explicite des comportements que l’on retrouve dans un espace macroscopique surtout, lorsque leurs auteurs développent la culture du mimétisme.
A regarder certains élus qui nous dirigent, on peut facilement s’apercevoir qu’ils ne se rendent pas compte qu’il y a une mutation planétaire. Ils continuent à faire de petits calculs politiciens minables, sans réel pouvoir à conquérir. La planète brûle, elle va de catastrophes en catastrophes, les eaux montent, et malgré tout, aucune prise de conscience.
Nous comprenons mieux pourquoi la barbarie se répand de manière exponentielle chez le genre humain, dans le monde. Nous ne sommes pas hors du monde donc nous en sommes partie prenante. Nous avons été jusque là à l’abri de catastrophes graves. Ces gens qui nous gouvernent, croient qu’ils ont toujours raison même si l’état du monde est exécrable et honteux.
Il en est de même en Guyane, la situation est calamiteuse mais, ils ont toujours raison. Ils jouent sur leur légitimité. Celle-ci est difficilement contestable directement. Car, ils vous opposeront les faits et vous rétorqueront les urnes. Indirectement, si vous leur parler de l’essence de leur légitimité, c'est-à-dire la manière à partir de laquelle ils arrivent au pouvoir, ils vous diront qu’on a le peuple qu’on mérite. S’ils sont moralement corrupteurs c’est parce qu’il y a selon eux des récepteurs moralement corruptibles.
Les élus qui nous dirigent ont-ils une philosophie de la vie ?
D’aucuns pourraient penser qu’un élu est à la recherche de la vérité et qu’en ce sens, il est tempérant par son souci d’améliorer, dans la durée, le quotidien de ses concitoyens. Il serait donc désintéressé, soutenu par sa seule démarche qui est le bien-être collectif, sa préoccupation essentielle est la cohérence du réel et son credo : la réflexion.
Sommes-nous en mesure de dire que l'image que nous renvoient certains élus qui nous dirigent correspond à cette perception? La déviation a commencé avec méthode lorsqu'est apparue la banalisation du terme "pragmatique". Quoi de plus ingénieux pour "tourner en bourrique" la population. Dans l'esprit du plus grand nombre le pragmatisme s'oppose à l'idéologie surtout de la manière dont il est prononcé dans le débât public. Le réel dont il s'agit pour eux n'est que la matière et que tout ce qui est utile est vrai. L'esprit n'existe pas, l'âme est une absurdité, les sentiments sont une tare, Les idées sont une illusion et l'imaginaire une erreur de la nature. Par suite, on comprend l'évidence de l'horreur de la situation économique et sociale de notre société.
La baisse de la TSC une décision discriminante
Elle est contraire à toute cohérence du réel qui intègre l'esprit source de réflexion. Pour une entité institutionnelle, elle va à l'encontre de la protection de l'environnement. Pour les concitoyens qui n'utilisent pas d'engins à moteur, il n'y a pas de retombées pour eux, ils sont exclus de cette ristourne et ceci est contraire au concept même de la taxe. Elle rend pérenne le profit car, c'est une décision qui ne s'attaque pas à l'opacité de la structure du prix du carburant. Elle favorise l'injustice sociale car, le pétrole est un bien collectif qui appartient à l'humanité, il est moralement injuste qu'il profite à une caste au détriment du plus grand nombre. Elle s'oppose à l'amélioration des moyens diversifiés du transport collectif, à l'amélioration des infrastructures de transport.
En conclusion, ceux qui nous dirigent font passer l'impulsivité, la précipitation au dessus de la réflexion. Ils pourrissent la vie des concitoyens en se disant pragmatique. Leur solution soi-disant utilitariste est une pseudo vérité qui induit des conséquences graves sur la durée.