Le moment n’a jamais été aussi propice pour appréhender le phénomène de l’acculturation. Une société est un territoire, c'est-à-dire un lieu qui unit des hommes et des femmes qui par leur action stable et durable vont mettre en commun leurs efforts pour obtenir une fin qu’ils ont déterminée. Il y a donc, une volonté, un engagement liés à un environnement singulier pour réaliser cet objectif commun.
Les référendums du 10 et du 24 janvier 2010, culturellement parlant, devaient permettre de répondre clairement à cette conception de la société. On pourrait simplifier et dire que la question était de savoir s’il y avait un contrat social uniquement national où si on pouvait admettre que l’existence de périphéries à la France hexagonale pouvait justifier un contrat social qui leur serait spécifique.
Le résultat de ces référendums sorti des urnes a donné la victoire à la première proposition c'est-à-dire un contrat social uniquement national qui est traduit par l’article 73 de la constitution française.
Indépendamment des multiples revendications à répétition des peuples de l’outremer, il y a la situation économique et financière de la « mère patrie ». L’époque des trente glorieuses est révolue. Le déficit budgétaire de la France se situait pour l’année 2009 à hauteur de 138 milliards d’euros soit environ un peu plus de 7% du PIB, son endettement s’élevait à 1428 milliards d’euros soit environ 74% du PIB. La règle européenne est de 3% du PIB pour ce qui concerne le déficit public et 60% quant à l’endettement. On comprend la problématique posée tant pour l’Hexagone que pour les périphéries.
Il faut donc redresser l’économie française, il faut de la rigueur d’où la question posée et que l’on peut interpréter sous la forme suivante : êtes vous en mesure, sans qu’il s’agisse d’une dévolution politique, vous qui êtes sur votre territoire, de prendre en main votre destin dans le cadre de la République ? A cette question, des élus non néophytes donc, ayant une certaine expérience ont répondu non. Ils ont su convaincre la majorité des électeurs qui s’est présentée aux urnes de suivre le chemin qu’ils ont indiqué. Cette position s’est confirmée avec le vote pour les élections régionales de mars 2010 dans la mesure où l’on retrouve quasiment les mêmes personnes dans la majorité du Conseil Régional de Guyane.
Quoi de plus normal que le Président de la République, lors de ses vœux à l’outremer, dise qu’il renforce le pouvoir du Préfet et que dans le cadre de la Collectivité unique celui-ci deviendra l’exécutif en cas de défaillance des légitimés.
Compte tenu de l’histoire de la France hexagonale, des valeurs issues de son environnement politique, technique, scientifique, philosophique, sociologique, artistique, technologique etc., il y a me semble t-il une vraie cohérence dans cette perception de la responsabilité et de la liberté..
Il est également normal et cohérent que ceux qui avaient opté pour la reconnaissance de leur authenticité en tant qu’humain complètement achevé (article 74) soient révoltés et vivent une certaine frustration. Minoritaires lors de ces référendums ils vont devoir subir les conséquences du traitement de majeurs incapables donc non émancipés.
Par contre, ceux qui ont fait le choix de l’article 73 et qui avaient dit « que ce que l’on peut faire avec le 74 on peut le faire avec le 73 », ne peuvent continuer à vouloir le beurre et l’argent du beurre. Ce n’est pas cohérent. Ils apportent la preuve que dans le cadre de l’assimilation, lorsque l’on n’a pas bien intégré les valeurs de celui qui assimile et que l’on a perdu ou égaré ses propres valeurs, on est en posture de déséquilibre psychologique et les attitudes et comportements que l’on déploie peuvent être assimilés à de la délinquance. Il y a là, manifestement, la photographie d’une société, par certains de ses représentants, qui a perdu le sens du réel.
Ainsi donc, en ce moment où la course voire la précipitation à élaborer une collectivité unique pour la Guyane, on voit la preuve non contestable que l’acculturation induit une inadéquation entre les valeurs d’un autre espace culturel et les sentiments, les goûts, les aspirations issus d’un milieu différent.
Que ceux qui ont voulu substituer leurs ambitions personnelles au bien-être collectif assument leur contradiction, leur désadaptation à leur milieu.