La France a du pétrole chiche… Le territoire c’est la Guyane au nord de l’Amérique du Sud entre le Brésil et le Suriname, juste au niveau de l’équateur, cette ligne imaginaire qui sépare le globe terrestre en deux hémisphères Nord et Sud.
C’est un territoire où l’on trouve de l’or, du pétrole et d’autres minerais de réputation mondiale, un territoire où l’on trouve des ressources halieutiques exceptionnelles, un territoire dont la biodiversité est remarquable avec une ressource biologique d’une grande rareté qui fait le bonheur des organismes de recherche nationaux et européens implantés sur place. Mais, c’est aussi le territoire du paradigme à paradoxe. En effet, si on admet que l’observé est le territoire, force est de constater que l’observant est double. Il n’y a ni arrogance, ni provocation, ni stupidité dans cette perception de la situation. Il y a une réalité physique qui conduit au constat de deux manières de voir les choses dans un contexte existentiel. Il y a la manière de voir de l’Etat dont le modèle est conçu à partir de son imaginaire forgé par son histoire et sa culture tirée de son existence hexagonale et européenne et, il y a la manière de voir des habitants de ce territoire conçue à partir de leur réalité culturelle et historique à laquelle il faut intégrer le degré d’aliénation qui induit de fortes contradictions.
Il me semble nécessaire de relever un exemple qui n’a rien à voir avec le sujet mais qui permet de comprendre comment on pourrait sortir de ce paradigme à paradoxe qui génère des souffrances et des haines dont on ne mesure pas suffisamment la portée pour l’avenir. Cet exemple est celui du célèbre journaliste Albert LONDRES qui par sa pugnacité avait pu faire savoir aux français de l’hexagone ce qu’était le Bagne en Guyane. Sa ténacité et son aversion pour l’injustice et la maltraitance des humains a contribué à la fermeture du Bagne.
Malgré toutes ces ressources naturelles la Guyane reste un territoire sous-développé au grand désespoir des populations qui y vivent. Contrairement à l’idée que lon fait véhiculer, les habitants de ce territoire sont loin d’être des fainéants, il n’y a que le système qui les anesthésie. L’observant local qui nourrit sa conscience de ses réflexions ne peut être que torturé par les contradictions qui annihilent toute velléité de développement. Il n’y a que l’économie de comptoir qui trouve grâce aux yeux de l’Etat. Pour prendre la dimension objective de mes propos je prendrai quelques exemples tangibles qui facilitent la compréhension.
La Guyane relève de l’article 73 de la constitution française c'est-à-dire l’identité législative autrement dit, lorsqu’une loi est votée à partir du cadre hexagonal, elle est applicable automatiquement à ce territoire. Pour qu’elle ne le soit pas, il faudrait que cela soit spécifié dans la loi. Or, le niveau global de développement de l’hexagone n’a rien à voir avec celui de la Guyane. Il faut être aveugle pour admettre que la complexité de la société française hexagonale est identique à celle de la Guyane. La Guyane est considérée comme un département de droit commun. La création des départements en France fait suite à une volonté d’harmoniser le territoire hexagonal pour favoriser son unité. Ainsi, les départements hexagonaux ont sensiblement la même superficie soit en moyenne 6500 Km². Le chef-lieu se situe à égale distance des villes, c’était en référence au temps cheval parcouru. Aucun département hexagonal n’est considéré comme un territoire d’exportation. Alors, quelle similitude il y a avec la Guyane ? Un territoire de 90000 km² représentant le 1/6éme de la France et considérée comme un territoire d’exportation et donc exonéré de TVA. L’autre élément de réflexion est qu’en tant que département tous les leviers réels de commande échappent aux politiques locaux en raison de l’organisation institutionnelle. La Guyane est un territoire où la Région et le Département sont confondus, on l’appelle donc région monodépartementale. Les ressources naturelles sont entre les mains des Directions Départementales et Régionales d'Etat (ex. : DDAF, DRIRE etc.).
Il n’est donc pas surprenant que tout en ayant conscience des potentialités de développement de la Guyane, la population n’appréhende pas l’avenir avec optimisme. Malgré les belles phrases prônant des retombées en priorité pour la Guyane, quelques responsables politiques et quelques citoyens conscients savent qu’il s’agit d’un leurre. Il serait intéressant par exemple de comparer le nombre d’entreprises guyanaises, opératrices minières, qui existaient avant la monté exponentielle du cours de l’or à celles qui existent actuellement. On peut légitimement en déduire qu’il y a une volonté d’empêcher la constitution d’une clase de possédants locaux car avec la même structure de production et le même niveau de production l’enrichissement suit l’évolution du cours de l’or. Ceci étant dû à la fixation internationale du cours de ce minerai. C’est la conséquence de la spéculation financière.
De tout ce qui vient d’être écrit, les plus conscients peuvent en déduire qu’un territoire qui possède des ressources naturelles, dont ses politiques n’ont point de pouvoir, ne garantit pas le bonheur de ses habitants. Il y a des raisons de penser à la similitude avec des pays comme le Niger où malgré les ressources naturelles la misère est sur les pauvres. Le Niger est une ancienne colonie française sur lequel territoire on a mis en exergue la multiethnicité source de conflit et un moyen de combattre l’unité du peuple. La Guyane est quasiment dans cette configuration de population.