Le parti progressiste Guyanais auquel j'appartiens et au sein duquel j'exerce la fonction de Secrétaire Général a donné ce jour une conférence de presse sur le thème de la collectivité unique de Guyane. Je vous transmets l'intégralité du support qui a servi de base à l'échange avec la presse locale. Il est à noter qu'il n'y a pas eu de Congrès sur ce sujet depuis le référendum. En cette fin d'année, une fois encore, comme les effets de la poudre de Perlimpinpin le Conseil Régional organise une grand-messe avec des constitutionalistes, une nouvelle manière de passer en dérision les citoyens, un moment jouissif de les insulter comme s'ils n'avaient rien retenu de ce qui leur avait été dit avant le référendum par d'autres constitutionalistes. L'article 73 est en application depuis 1946.
CONFERENCE DE PRESSE
Nous vous remercions d’avoir répondu à notre invitation. Cette rentrée politique sur le plan médiatique est pour nous particulière. L’année qui s’annonce est pré-électorale et nombreux sont ceux qui seront tentés par les effets d'annonce.
Nous avons décidé de traiter du thème de la Collectivité unique de Guyane dans la mesure où à près de trois ans depuis le référendum, la société guyanaise ne semble pas avoir un grand dessein en termes de développement économique et social. Enfin, ce thème exprime toute la problématique de la société Guyanaise, et nous allons vous l’exposer sous trois angles.
Aspect institutionnel :
Depuis le 24 janvier 2010, 27,44% des électeurs s’est prononcé sur la Collectivité unique de Guyane dans le cadre de l’article 73 de la constitution française. C’est donc 15,77% de l’électorat qui a choisi la Collectivité unique de Guyane qui était une revendication du Président de la République Monsieur SARKOZY. La démocratie parfois nous interpelle.
Le système est bien connu. La fusion des deux collectivités en une seule ne le transforme pas. Il s'agit d'un système assimilationniste qui favorise l'assistanat. Il n'y à qu'à voir les arguments qui ont permis le maintien de la société dans ce système. Il est soutenu par les transferts sociaux qui constituent une sorte de rente financière venant de l'administration d'Etat.
La Collectivité unique de Guyane dans ce cadre là pose le problème du risque de dérives autocratiques de l'exécutif uninominal. Le secteur privé étant trop en retrait par rapport au secteur public, les agents économiques vont trop dépendre de la commande publique.
Indépendamment du risque de dérives autocratiques, il apparaît indispensable qu'une évaluation exhaustive du patrimoine des deux collectivités (Région et Département) soit opérée avant la fusion et soit portée à la connaissance de la population. Cette évaluation doit porter sur les éléments matériels et immatériels du patrimoine ainsi que sur les éléments financiers sans oublier de préciser le niveau des engagements de ces Collectivités en matière de garantie apportées aux tiers (Sociétés immobilières, sociétés commerciales etc.). Cette démarche est fondamentale car, elle permet d'identifier les responsabilités avant que les contribuables ne soient sollicités. Au final ce sont les impôts qui couvrent les erreurs et donc les contribuables qui sont mis à contribution.
Aspect sociétal :
Une fois le toilettage des structures institutionnelles effectué, il reste à savoir comment la société guyanaise à partir de cette collectivité peut subsister et prospérer. Nous considérons que la collectivité unique de par ses compétences extrêmement limitées à cause de l'absence de capacité décisionnaire n'est pas en mesure de soutenir la société, c'est à dire son développement. Dans l'état actuel des choses seul un secteur privé moins atrophié, moins sous l'influence du secteur public peut répondre aux normes du développement économique et social. Or, le système tel qu'il est conçu est plus favorable à la notion de rente qu'à celle de valeur ajoutée. La terre, l'eau, les minerais constituent les matières premières du territoire appelées communément les ressources naturelles. La logique voudrait qu'il y ait sur place une industrialisation maîtrisée de ces ressources et que les agents économiques qui participent à cette création de richesses, à ce perfectionnement des ressources voire leur transformation, aient un intérêt sur le territoire. Nous pensons également que toute société a besoin de cohérence dans son développement or, à côté des lois communes avec l'Hexagone il faut autant de dérogations pour prendre en compte les spécificités territoriales. Il s'ensuit que le territoire n'a pas les mêmes caractéristiques que celles de l'Hexagone. Par voie de conséquence, le principe de l'assimilation même est un crime social. C'est ainsi que ces exceptions génèrent davantage d'immobilisme que de dynamisme. Elles finissent par générer des abus qui deviennent la règle et, la règle devient l'exception. Enfin nous considérons que la société guyanaise est une société complète et que son dysfonctionnement résulte d'une inadaptation institutionnelle. Elle est donc un tout mais un tout entravé
Aspect Population :
Peut-on oser penser un instant que les citoyens de Guyane n'aspirent pas à quelque chose. Jusqu'à présent, dans un tel système, ils ne représentent rien du tout. En effet, lorsque l'on n'a pas la capacité à prendre des décisions essentielles soit par soi-même, soit par ses représentants, on est rien. Le système d'assistance qui n'est pas un système de solidarité mais davantage un système de soumission fait d'eux une totalité en apparence mais, il s'agit d'une totalité opprimée. Elle l'est soit pas l'inculture que le système occasionne, soit par la frustration qu'il produit. Si nous suivons notre réflexion, nous comprenons que ce système assimilationniste est l'ennemi des libertés individuelles et collectives. Donc, la dynamique collective nécessaire à la prise de risque pour un réel développement est entravée. Il est par conséquent nécessaire pour le peuple qui aspire à être quelque chose de faire un retour sur l'histoire, sans crainte, afin de devenir plus fort pour résister à sa neutralisation par le système.
Merci de votre écoute.