« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Cette citation est de Nicolas Boileau-Despréaux. Bien que relevant de l’art poétique, sa première partie ou proposition peut être considérée comme essentielle et constitue la source de toute construction systémique. Elle nous éclaire sur l’incohérence de certains comportements qui sont le fruit soit d’une absence de pensée cohérente et articulée avant l’action, soit d’une défection d’intellectuels de type sociologique dans notre construction sociale. Elle nous permet de voir également son contraire. Je veux vous parler de la ville de Kourou en Guyane, de l’élection municipale de 2014 et en filigrane du CNES. Le résultat de cette élection n’est pas moins politique qu’on pourrait le croire. Il est entaché de circonstances bien étranges.
Tout système, toute structure humaine prend forme à partir d’une loi morale que l’on s’impose et qui engendre un sens politique qui va déterminer son mode de gestion. Aucune structure pensée et cohérente ne peut échapper à cette forme d’organisation. La ville de Kourou ne saurait y échapper. Sinon, force serait de reconnaître qu’il s’agit d’un espace où sont rassemblés des êtres humains sans prospective. Toute la subtilité réside dans le fait de savoir qui convient de la loi morale laïque qui est censée s’imposer à tous ; La Mairie sur son territoire de par les Institutions ou le mammouth qu’est le CNES en tant que communauté d’activité qui pèse de tout son poids directement ou indirectement sur les administrés et particulièrement sur l’électorat. Ce n’est pas un point de vue que j’énonce, ce serait trop facile à démonter, c’est un constat d’événements qui conduit à affirmer que la dialectique des idées dans la configuration de la ville spatiale est le reflet de la mise en application des choses telle qu'elle a été conçue. Je ne fais pas de fixation mais, des éléments objectifs en connexion avec ma capacité à observer interpellent mon intellect. C’est donc légitimement que je m’interroge.
Pour bien appréhender mes propos que je considère comme plausibles et, je ne crains ni la répression sournoise (tracasserie administrative, pressions psychologiques diverses etc.) ni la répression brutale, je vais prendre en considération quelques revendications qui ont émaillés entre autres, la dernière mandature du Maire en 2008-2014. Auparavant, il importe de noter que s’il n’y a pas si longtemps on parlait de tirs de fusées sur fond de bidonville quant à la ville spatiale, l’amélioration de la qualité de la vie dans le bourg de Kourou est d’abord la prise de conscience individuelle du premier magistrat de cette ville et la volonté de modifier le cours de l’histoire de cette population locale. Le terme tirs de fusées su fond de bidonville est bien en voie de disparition. Alors, comment un Maire, riche de ce succès peut-il perdre les élections ?
Une des raisons de cet échec est le niveau de culture du Maire sortant qui le conduit à être en permanence en conflit avec lui-même entre l’homme soumis qu’il devrait être pour satisfaire le concept de la ville spatiale kouroucienne et l’homme révolté qu’il est au regard de ce même concept. Il est objet de méfiance par ceux qui ont construit le modèle kouroucien. Un homme de paille est plus en adéquation avec ce modèle. Depuis l’avènement du spatial, le profil du premier magistrat a été bâti sur la configuration d’un homme de l’UDR local devenu au cours de l’histoire l’UMP car, au-delà des étiquettes des gouvernements, il y a la nature de l’Etat français. Les revendications sur les taxes foncières, sur l’octroi de mer, l’intervention en pleine conscience sur « l’incivisme » déclarée de la jeunesse abandonnée à son triste sort alors que la collectivité municipale n’a pas les moyens d’un développement économique volontaire font trop révolutionnaires. L’éradication des bidonvilles est un vecteur de cohésion sociale mais également une source capable d’atténuer le conflit ambivalent que porte en lui tout intellectuel organique mais surtout elle est une voie consciente ou inconsciente de l’élévation de la conscience collective. En ce sens le profil du maire sortant est dérangeant.
Que dire de l’alliance PS/AGEG-UMP-UDI-Guyane 73 qui vient faciliter la chute du maire comme le ferait en temps de colonisation les supplétifs au service du système. La députée AGEG de la deuxième circonscription, apparentée PS, tente, à l’image d’un ignorant des principes fondamentaux de la pensée politique, sur le media public, de tempérer ses partenaires UMP-UDI dans leur diatribe anti gauche de type national. Elle ne pense même pas à se demander s'ils ne jouent pas un rôle pour détourner l'attention sur celui qu'aurait joué éventuellement la communauté d'activité spatiale... La question à se poser est la suivante, pourquoi en Guyane le PS s’accommode d'une alliance avec l’UMP et l’UDI ? Est-ce la preuve qu’il n’y a pas de continuité territoriale intellectuelle ou, la Guyane est-elle amputée d’intellectualisme collectif ?
Cette foudroyante chute par sa forme laissera des traces dans la conscience collective des guyanais et de ceux qui pensent que ce territoire mérite un autre sort. Chez les citoyens progressistes qui sont hors de la circonscription kouroucienne ils ont grains à moudre s’ils n’avaient encore pas bien compris le sens de l’enclavement de cette parcelle du territoire où le CNES possède autant de terre sans être en mesure de justifier le prix de son acquisition. L’ennemi mortel du système n'est pas ceux qui se métamorphosent au contact des injustices mais ceux qui génèrent ces injustices et les supplétifs qui permettent leur mise en application.