La dépression… Vous croyez qu’il s’agit d’anti dépresseur normatif… Ceux qui sont autorisés par le système… Allons donc, trop cher, pas d’argent pour çà, pas suffisamment soft… Non, je n’ai pas le droit de le dire mais tout le monde sait de quoi il s’agit… C’est plus accessible malgré la pub qui fleurit sur les panneaux, malgré les dispositions légales à base d’amendes pour une récidive après un entretien avec un représentant des forces de l’ordre.
J’ai envie de sommeil… Combien faut-il payer pour l’obtenir… Je veux rêver que la vie est belle, je veux rêver que j’ai un travail, je veux rêver que j’ai une maison, je veux rêver que je fonde une famille… J’ai envie de sommeil… Combien faut-il payer pour l’obtenir… Je veux rêver de paix, je veux rêver de choses simples… Oui, aidez-moi à ne pas ouvrir les yeux… La dépression… Ce monde est fou, il veut tous nous rendre fous… Aidez-moi à ne pas ouvrir les yeux… Je ne veux pas voir ces corrompus rompus à l’impunité qui parlent mal de gens plus intègres qu’eux… Je ne veux pas voir ces dirigeants qui nous aiment plus qu’on ne leur demande et qui nous enfoncent chaque jour davantage dans l’incertitude… Je ne veux pas voir ces gouvernants qui inventent les guerres pour notre sécurité disent-ils…
J’ai envie de sommeil… Je ne veux pas me voir grandir… J’ai trop pris conscience de mon existence… J’ai peur… Ma conscience est ma torture, je n’ai pas les moyens de la lutte, elle est trop épuisante. J’ai envie de sommeil… Combien faut-il payer pour l’obtenir…
Même si l’on sait que chaque individu est une histoire particulière, il n’est pas sot d’imaginer que durant ces dernières décennies nombre de personnes n’ont connu que cette forme de souffrance. On peut légitimement penser que la vie que proposent les dirigeants de ce monde, adultes qu’ils sont, est de nature à révulser l’existence.
Les peuples ont de plus en plus de mal à s’approprier la politique pour une vraie émancipation. Le système à inoculer le virus du sauve qui peut, les malheureux dans la nasse, au cœur de la société. Il a fait de la précarité le pêché mortel du peuple, la sanction sociale des mal foutus. Cette précarité rend aveugle, pis, elle contamine tous les autres sens ; l’ouïe, l’odorat, le toucher, le gouter. On finit par ne plus voir la beauté, la richesse du monde, trop pauvre de ces sens. En Guyane par exemple, pour le referendum de la dignité du 10 janvier 2010, certains ont choisi le RMI devenu RSA parce qu’ils n’ont pas vu, pas senti, pas compris que le territoire était riche et que les convictions, la détermination, la volonté étaient les éléments du dépassement de soi. C’est en franchissant des obstacles que l’on se découvre disait Saint-Exupéry.
Pour ne plus avoir envie de sommeil, il faut soigner la société avant de vouloir soigner chaque individu. C’est la tête c'est-à-dire le sommet qui est malade. Par conséquent, c’est là que se trouve la solution pour pouvoir dire : « J’ai envie de vivre… ». Mettez un sommet sain et vous aurez une société harmonieuse.