Tout n’est pas évident. La compréhension collective des choses soulève la problématique du niveau de conscience de chacun. Lorsque l’on s’exprime, est-on compris de l’ensemble de l’auditoire ? Lorsque l’on échange avec un interlocuteur, dans la relation émetteur – récepteur, converse t-on de la même chose au-delà des problèmes de sémantique ?
On peut en déduire que la perception des choses se partage entre la conscience la plus basse de cette perception et la conscience la plus haute étant entendu que : « qui peut le plus peut le moins ». Il reste que cette perception n’est pas partagée par tous ceux qui n’ont pas atteint ce niveau minimum de conscience. Et là est l’interrogation…
L’opinion que l’on a de soi est fonction du niveau de conscience de chacun. Elle peut être soit une piètre opinion, soit une haute opinion. Se soumettre à la volonté de l’autre ou demander à être soumis à la volonté de l’autre ne relève pas d’une haute perception de soi. Socrate disait déjà : « Connais toi toi-même » et cet oracle a traversé le temps. Le citoyen d’aujourd’hui qui fait de la soumission une vertu est la preuve que la courbe ascendante de l’humanité ne se confond pas forcément avec la courbe de chacun. C’est également la preuve qu’au 21ème siècle, il existe des humains qui sont l’équivalent de ceux des siècles avant notre ère.
L’homme d’une certaine conscience visite l’intérieur de lui-même pour trouver le sens de son existence et pour peu qu’il trouve ce qu’il cherche, il prend conscience de ce qu’il est et de ce qu’il peut apporter à son entourage. Il en ressort qu’il ne peut y avoir de prise de conscience collective sans interrogation de soi par rapport à soi. Par ailleurs, ce qu’il peut apporter à son entourage n’est pas forcément perceptible par ce dernier s’il n’en n’a pas fait également son sujet d’existence. On comprend dès lors qu’une société cohérente n’est pas une évidence et que l’harmonie universelle est presque une utopie.
La question qui se pose dans une société est celle de savoir si un lettré a forcément un niveau de conscience élevé ? Il n’est permis de répondre que si le savoir est perçu comme une connaissance toujours en interrogation ou s’il est perçu comme une donnée absolue signe d’un dogme et d’une représentation sociétale. Cette dernière proposition permet de comparer ce savoir à celui d’un perroquet bien entraîné. En conséquence, si l’homme est soumis à son savoir sans qu’il perçoive l’intérêt de celui-ci sur l’amélioration de la condition humaine, il apparaît difficile de lui accorder un niveau de conscience élevé. Il peut apparaître aliéné à ce savoir sans en avoir compris la portée.
La ressemblance avec l’autre n’est pas liée avec la couleur de peau ni avec la culture traditionnelle mais bien avec l’équivalence de la conscience que l’on a de soi et qui nous porte à penser que nous appartenons au genre humain. Que fais-je pour sortir de l’obscurité de l’ignorance ? N’est-ce pas la première démarche vers la liberté ? La première liberté est celle de ne pas être prisonnier de soi en tant qu’être social standardisé, en tant que sujet anonyme d’une organisation sociale, je ne veux obéir qu’aux contraintes que consciemment je me fixe en tant qu’humain complètement achevé et qu’aux contraintes que ceux qui ont le même niveau de conscience que moi fixent à la société. Sortie de ce cadre la rébellion est moralement juste, elle est humainement juste, elle est indispensable, nécessaire, obligatoire voire primordiale.
De tout ce qui vient d’être écrit, il apparaît que la liberté est une réalité qui relève d’une conscience existentielle où l’individu apparaît comme étant son propre maître, même dans le cadre d’une conscience sociale. Donc c’est par la conscience qu’on est relié à la Liberté.