Cet article est plutôt spécifique et concerne le territoire de la Guyane. Il reflète la perception que j’ai du rôle des media. Il se pourrait que là où vous êtes, se pose la même problématique et vous en faite la même analyse que moi. Alors, ensemble partageons notre opinion avec ceux qui ont peu de temps à consacrer à l'influence des media sur notre culture, sur l’anesthésie de notre esprit critique, sur l’objet de relais de communication que nous semblons être devenus.
Si nos sociétés sont si passives, si elles génèrent tant de craintes en l’avenir, si elles nous poussent vers tant de dogmes spirituels, si elles nous familiarisent autant avec la fatalité, c’est certainement en partie parce que nous avons perdu la maîtrise de notre cerveau et donc notre autonomie source de notre courage, de notre volonté à nous en sortir par nous-même, à avoir tant confiance en la réussite, expression du bonheur et du bien-être commun.
Notre histoire est confondue en grande partie à celle de la France hexagonale. Ainsi, nous pouvons adopter certains repères. Depuis 1789 l’article 11 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen stipule : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». Cela fait 221 ans ….
On pourrait intellectuellement penser que les media seraient les premiers à revendiquer ce droit et contribuer au débat démocratique. Tel ne me paraît pas être le cas. Ils pourraient s’inspirer entre autres de la citation de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire… » Cela paraît être un Everest. Au-delà du divertissement, je n’ai pas du tout le sentiment que nombre de journalistes appartenant aux media tant écrit qu’audio aient le courage pour se battre pour leur propre dignité, leur propre conviction voire se battre pour les autres... Nombre d’entre eux se replient sur eux pour sauvegarder leur emploi. Pourtant, ils ont le droit pour eux.
Jamais sur un territoire démocratique, je n’ai vu de média aussi inféodés à tout ce qui peut représenter le pouvoir. Le pouvoir ne leur en demande même pas tant. J’en veux pour preuve le rapport de la Cour des Comptes sur la situation des communes de l’Outre-mer. Cela fait trois budgets et comptes administratifs de la commune de Cayenne que je ne vote pas, en tant qu’élu de l’opposition, pour les problèmes de sincérité que j’ai développés dans mes comptes-rendus de conseils municipaux. Alors, que j’étais le seul de l’opposition à le faire, les media de la place ne se sont jamais penchés sur la situation. La raison en est simple, je ne représente aucun pouvoir. Donc, le courage manquait, la majorité veille. La Cour des comptes par contre, représente un pouvoir certain et là les pseudo courageux s’emparent de la situation. Ils en font le titre de leur journal comme s’ils découvraient le fil à couper le beurre. Ils pourront toujours demander de l’aide en cas de représailles si ce n’est eux mêmes qui inventent dans leur tête cette répression.
Le problème qui est posé entre autres est l’étroitesse du métier et celui de l’autonomie des média quand bien même celle-ci de nos jours est en permanence quasiment relative à moins d’avoir une communauté de lecteurs et d’auditeurs suffisante. Sur le marché local, lorsqu’ils ne dépendent pas de fonds publics, ils sont tributaires de la rente économique fournie par le poids de la commande publique sur des marchés très étroits qui conduisent le secteur privé à s’en accommoder.
Par suite, s’attendre à ce que les média contribuent à comprendre l’actualité, à comprendre la politique, à comprendre la citoyenneté, en fait à élever le niveau de conscience et donc la liberté, il faudrait peut être vivre un 1789.