Voici un débat qui nous réconcilie avec la politique. Quelle est belle la politique lorsqu’elle est abordée sous cet angle, quelle est belle lorsque les journalistes sont neutres, lorsque les réseaux n’ont pas d’intérêts colossaux en jeu et ne peuvent intervenir pour fausser la discussion. C’était un vrai régal. Un espace de sérénité avec toutes les parties prenantes (invités, journalistes, chroniqueurs spécialisés, candidats). Le débat était juste, il n’était assimilable ni à un conflit, ni à une altercation, ni à une polémique. Le Parti Socialiste en sort grandi. Les militants se sont enrichis du savoir et de l’expérience de l’un et de l’autre. C’est aussi pour cela qu’Arnaud Montebourg devrait vivement aller vers la délibération de son choix s’il ne veut pas que soit mal interprétée son attitude.
Sur le plan de l’analyse, de la compréhension et de la maîtrise des sujets les deux candidats étaient à la hauteur avec la modération qu’il fallait pour ne pas techniciser à outrance. La dose était juste pour rendre intelligibles les propos au regard du plus grand nombre. Ils ont tous les deux l’envergure d’un Chef d’Etat. Sur le plan de la dialectique entre l’éthique, la morale et la politique, Martine Aubry était un cran au-dessus, elle a su prendre, quand il le fallait, l’histoire comme jury permettant d’expliquer les mauvais résultats de certains choix et, pour l'immédiateté et pour l’avenir, elle a su déplacer l’histoire par la prise en compte d’une nouvelle relation entre le monde matériel et rationnel avec l’existence pour susciter l’avènement d’un nouveau mouvement. Elle a pu le faire grâce à son assise philosophique et idéologique foncièrement humaniste. François Hollande, bien que fin tacticien est apparu moins politique que sa concurrente d’un soir. Comme il est dit plus haut, les réseaux voire les lobbies ne sont pas intervenus dans la mesure où leurs intérêts ne sont pas encore fondamentalement menacés. Sur ce plan, je crains la fragilité (tout étant relatif) idéologique de François Hollande. Ces vingt dernières années nous ont montré combien une société sans base idéologique pouvait être fragile et comment elle accélérait la pauvreté.
La France a de la matière grise qu’il faut libérer, le nouveau Président ne pourra pas seul relever les défis. Il lui faut un peuple à la hauteur des enjeux pour construire avec lui. Martine Aubry apparaît comme celle qui peut trouver le moteur qui va déclencher cette adhésion à ce grand mouvement qui ne demande qu’à éclore. Un peuple bâillonné est un peuple anesthésié dont il faut ôter l’anesthésie. Le verbe de Martine Aubry est en mesure de le faire. Face à un vrai adversaire sa dynamique sera plus percutante car, nécessairement elle devra davantage se lâcher. C’est le prix de la conquête du cœur des peuples; se battre pour eux pour qu’ils se battent pour vous.
Enfin, quelle est cette France qui sans cesse veut donner des leçons de démocratie aux autres peuples, qui a une histoire de peuple si enrichissante avec ses révoltes, parfois, ses jusqu’auboutismes et qui font son originalité. Quelle est cette France si frileuse à choisir une femme pour conduire son destin ? Choisir Martine Aubry ce n’est pas seulement choisir une femme, c’est choisir une femme compétente, solide, sincère et une femme de caractère. Si la France s’est mise des oeillères, il est temps qu’elle les enlève pour voir le Grand Brésil dirigé par une femme, l'Argentine présidée par une femme, le Libéria gouverné par une femme, l’Allemagne réunifiée commandée par une femme, d’où vient ce machisme même des femmes… Allez AUBRY