La grève de la communauté universitaire de Guyane est un événement instructif sur le sens politique du corps social guyanais. Elle permet sous des angles différents de constater, parmi certains élus qui prétendent tirer leur légitimité du peuple, qu'il n’y a pas grand-chose de représentant du peuple. Les grévistes ont démontré qu’ils étaient des humains complètement achevés et qu’aucun obstacle n’est infranchissable dès lors qu’un seul humain, quelle que soit son appartenance nationale, ait pu franchir cet obstacle. Ils démontrent que tout est possible et que l’administration des choses est toujours possible dès lors qu’elle a été conçue avec cohérence et intelligence. En conséquence, on est toujours prêt avec les bonnes personnes aux bonnes places.
La communauté universitaire en grève soutenue par des organisations politiques sincères qui ont voulu apporter leur contribution à cet événement majeur de nature à élever la conscience tant individuelle que collective a organisé une marche de contestation avec des milliers de personnes sans que l’on ait eu à déplorer des dérapages ou des dérives. Plus d’un mois de grève sans exaspération, malgré la pression nerveuse, malgré les intimidations, malgré la déception de voir les principaux élus en face d’eux et non à côté d’eux. Jusqu’au bout, la sérénité et le discernement ont prévalu. Honneur aux grévistes, honneur au peuple.
Ne perdons pas de vue ce qu’était la première réunion à la Préfecture de la Guyane avec un protocole de sortie de grève dont ils étaient (les grévistes) étrangers. Ils ont prouvé par leur attitude la haute opinion qu’ils avaient d’eux-mêmes. Ils ont démontré leur autonomie de penser et le caractère qui accompagne cette autonomie pour ne pas signer n’importe quoi.
Pour la deuxième réunion à la Préfecture, ils ont fait preuve d’absence de naïveté. Ils ont su distinguer les représentants du peuple par leur élection et les représentants du gouvernement. La présence de la Ministre de la Justice et Garde des sceaux en visite privée sur le territoire ne les a pas conduit vers un réflex émotionnel. Ils ont vite compris que la Ministre, compte tenu de ses principes se devait d’être solidaire du gouvernement et d’être à côté du Préfet, n’ayant pas de mandat territorial. Ils ont donc fait preuve de maturité, de sens politique car, ils ont pleinement conscience qu'il s'agit du devenir du territoire et de l'avenir de la jeunesse.
Par contre, les élus du peuple qui étaient en face d’eux et non à côté d’eux posent le problème de la maturité politique, du sens politique et de la perception de la représentation du peuple. Cette situation pose également le problème de la réalité des partis politiques qui signent un soutien inconditionnel à la motion des grévistes alors que leurs principaux élus sont d’un avis contraire.
Je disais honneur aux manifestants, honneur au Peuple. C’est un cri des tripes car il indique que c’est cela la démocratie. Elle n’est pas d'accepter quoi que ce soit sous la contrainte ni sous la force. Nous avons assez « jouer le jeu » qui nous conduit à la soumission, au retard que nous accusons, au complexe d’infériorité que ce système nous inocule. Honneur à eux car, ils ont su distinguer ce qui passe de ce qui demeure. Les jeunes passent la jeunesse demeure, les hommes passent les idées demeurent. Nos paroles et nos actions découlent de notre liberté qui prend sa source dans le savoir et la connaissance qui sont la raison d’être d’une Université de plein exercice. Il s’agit là de l’entendement normal de tout être humain dans son évolution.