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  • : Le blog de Jean-Marie Taubira
  • : Je suis Président du CRAPAG (Cercle de Réflexion et d'Action pour l'Avenir de la Guyane), Depuis le 10/12/2008, je suis le Secrétaire Général du Parti Progressiste Guyanais (PPG). Mon ambition est l'élévation de la conscience collective
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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 15:34

La trajectoire de Yves JEGO en qualité de ministre de l'Outremer est très instructive pour l'humanité. C'est un schéma qui dépasse le cadre des relations de la France gouvernementale avec l'Outremer. On y puise des leçons sur l'être humain qui sont d'une densité exceptionnelle.

Lorsqu'il y a eu l'extermination des millions d'indiens (Amérindiens) dans les Amériques, on a compris après coup que l'homme tuait l'homme. Ah !!! siècle des lumières alias de siècle de conscience quand tu nous tiens... Lorsqu'il y a eu  l'esclavage avec l'agrément des missionnaires religieux qui défiait leurs propres préceptes, on a compris après coup que l'homme tuait l'homme. Ah !!! Bol d'oxygène humaniste lorsque tu arrives il est souvent très tard...

 

Alors, Yves JEGO risquait-il de devenir la conscience du gouvernement sur ce sempiternel constat à retardement. Il semble qu'il soit arrivé trop tôt, l'heure de l'Outremer n'a encore pas sonné. Par voie de conséquence, il n'aura pas d'auréole comme a pu l'avoir Victor Schoelcher...

Il y a forcément des leçons à tirer de cet événement. Voilà un ministre, lors de sa prise de fonction, de par ses premières déclarations, avait des clichés plein la tête à l'instar de nombre de français de l'hexagone qui ignorent la réalité existentielle des Antilles Guyane. Ces stéréotypes du style l'Outremer coûte cher à la "Métropole"; l'heure antillaise, l'heure guyanaise; leur vertu c'est la paresse; la plage et les cocotiers etc.

Avec de tels clichés, gérer l'Outremer tout en sachant qu'il s'agit d'entités distinctes paraissait à priori comme une banalité. Puis, adviennent ces conflits qui ont mûri le ministre, qui lui ont permis sur place de prendre conscience de la réalité et de sortir des stéréotypes habituels. Comme tout humain épris d'un peu de justice, on peut comprendre qu'il ait eu un choc en découvrant la réalité et qu'il se soit exprimé en homme libre découvrant les vertus d'humaniste face à ces systèmes de sociétés bâties sur l'injustice économique et sociale. Les propos qu'il a tenus n'ont pas dépassé sa pensée (il aurait dit en gros, le Collectif n'a pas tort sur tout, l'économie est entre les mains d'un petit groupe de personne). Ils étaient à ce moment conformes à ce qu'il ressentait. Ceux-ci ont heurté la réflexion établie du Premier ministre qui de son état et de sa distance ne sent pas venir le vent de la révolte. Il y a plusieurs raisons à cela que Yves JEGO a certainement oubliées sous l'emprise de la réalité et de l'honnêteté.

Il y a des siècles d'histoire qui ont érigé des basiliques de mémoires qui sont à protéger contre vents et marées. Il y a des décennies de pratiques qui ont été sanctuarisées. Sous la colonisation, il y avait les comptoirs. Sous la départementalisation il y a l'économie de négoce. Durant les trente glorieuses, la droite au pouvoir a tissé ses réseaux, a donné forme à l'Etat surtout dans la perception de l'Outremer. Les rumeurs faisaient état du financement des campagnes électorales nationales avec une forte contribution de sociétés implantées dans l'Outremer. En Guyane, ces rumeurs concernaient des sociétés introduites entre autres dans le domaine halieutique particulièrement dans les années soixante.

A vouloir épouser l'esprit des lumières sans se rendre compte que les peuples en question ne sont pas tout à fait les mêmes malgré le fait qu'ils soient drapés de l'identité nationale, Yves JEGO a commis l'irréparable, en tout cas, selon les critères fondamentaux de tout gouvernement depuis la cinquième République. Il s'agit d'un écart de conduite et sans commettre ni médisance, ni calomnie, nous pouvons dire que la classe des négociants a eu sa peau.

Il reste que la vraie liberté pour les peuples d'Outremer passe par une élévation de la conscience collective. Ceci n'est pas une sinécure lorsque l'on sait qu'à côté de ce que l'on vient de constater avec un ministre, il y a parmi les "élites" locales des opportunistes, des carriéristes, des arrivistes qui sont prêts à aider le système.

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