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  • : Le blog de Jean-Marie Taubira
  • : Je suis Président du CRAPAG (Cercle de Réflexion et d'Action pour l'Avenir de la Guyane), Depuis le 10/12/2008, je suis le Secrétaire Général du Parti Progressiste Guyanais (PPG). Mon ambition est l'élévation de la conscience collective
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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 04:51

Souvent parmi les élus les plus influents de la Guyane, le développement est appréhendé sous un angle imposé de manière explicite ou implicite. De manière explicite, il s'agit surtout du cas des partis godillots sur place par rapport au parti qui détient le pouvoir dans l'hexagone. De manière implicite, c'est le cas souvent d'élus sans étiquette ou de certains élus pour convenance pseudo intellectuelle qui adoptent la lecture faite et proposée par le gouvernement sans aucun esprit critique.

Cette situation a pour inconvénient de faire croire à la population qu'on s'interroge sur le devenir de la société guyanaise pendant un certain temps. L'unique résultat obtenu se matérialise par une multitude de rapports (Merle, Lise et Tamaya etc.) et des incantations concurrentielles qui permettent à leurs auteurs d'avoir une existence éphémère et de briller par l'absence de leurs solutions.  La situation empire, la seule croissance est celle de la paupérisation, de la souffrance sociale et économique, de la régression mentale, en fait, du délitement de la société.

 

Il m'apparaît que deux préalables doivent être posés si l'on veut honnêtement trouver des solutions durables au développement de la société guyanaise. Le premier est de considérer la Guyane comme une société à part entière. Le second consiste à remettre en cause le lien dit privilégié avec la France hexagonale.

Considérer la Guyane comme étant une société à part entière c'est admettre qu'elle dispose d'un territoire, qu'elle a une origine existentielle qui aurait pu se confondre avec une origine institutionnelle, qu'elle dispose de moyens, qu'elle a une structure interne, que sur ce territoire il y a un peuple, qu'elle a consciemment ou non une finalité. Le problème de son autorité institutionnelle est un fait d'histoire qui peut être levé.

Qu'on veuille l'admettre ou non, il y a une volonté conventionnelle qui a conduit les hommes et les femmes de ce territoire à s'organiser en société. Ils ont, de par leur environnement, développé une certaine philosophie de la vie et ont conçu une idée de leur bien-être. Il est légitime, toujours par rapport à cet environnement, qu'ils aspirent à un bonheur qui est autre que celui de l'hexagone.

En départementalisant le territoire, on met un terme à cette approche de société à part entière. Le territoire devient une partition du territoire hexagonal et il perd sa propre finalité, sa propre ambition. Ou, la finalité et l'ambition de l'hexagone se substituent à la sienne. Les perspectives du peuple qui devient une simple population sont de fait, les perspectives de l'hexagone. La problématique impossible à lever réside dans le fait que le territoire de la Guyane se trouve au nord de l'Amérique du Sud alors que le territoire de l'Hexagone se situe en Europe. Forcément, la Guyane ne bénéficie pas des interactions, des interférences des autres départements. La continuité du territoire est une illusion, la gouvernance nationale est un leurre, l'Etat, pour le territoire de la Guyane apparaît comme un vrai mirage.

Est-il moralement juste que l'on fasse d'une société une non société? C'est la question fondamentale que pose la départementalisation du territoire. Il s'ensuit par rapport à cette invention de l'esprit humain une aliénation de la nature humaine (par l'entremise des guyanais) qui est de nature oppressive et par voie de conséquence, l'exécutif d'Etat apparaît sur ce territoire comme un système autoritaire  quand bien même il ne s'agit pas d'une dictature.

Remettre en cause le lien dit privilégié avec la France Hexagonale c'est d'abord savoir qu'il s'agit d'une loi d'assimilation. La départementalisation est une loi d'assimilation. Considérant que la République Française est assise sur une constitution et qu'au sein de celle-ci il y a une trilogie essentielle à savoir "Liberté, égalité, fraternité", comment admettre la loi d'assimilation? autrement dit, comment accepter de substituer à sa propre personne une autre? Comment accepter de substituer à sa propre culture la culture d'un autre, comment accepter de substituer à son propre environnement, l'environnement d'un autre, comment accepter de substituer à sa propre tradition la tradition d'un autre, comment accepter de substituer à son propre cerveau, le cerveau d'un autre? Il y a donc forcément des dispositions, des lois, des décrets qui sont en contradiction avec l'avénement d'une quête à l'épanouissement. La loi d'assimilation est contraire à l'émancipation des êtres humains, elle est contraire à la liberté absolue de conscience. Par voie de conséquence, la départementalisation est inhumaine et tous les humanistes se doivent de la combattre. Un autre lien plus respectable doit être trouvé.

Une fois ces deux préalables levés, les problèmes de compétences deviennent plus simples et intellectuellement plus honnêtes. La République a tout à gagner, la Guyane se trouve de facto sur la voie de la responsabilité et de l'honneur.

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commentaires

T
je suis d'accord avec le principe d'un "lien plus respectable". Un lien qui permettrait à la Guyane de choisir librement ses partenaires éconmiques, par exemple. Quand je dis librement, je veux dire que nos partenaires économiques pourraient être choisis uniquement sur des critères objectifs définis selon le seul intérêt de la Guyane (ce qui n'est pas le cas de la distribution de l'essence s'il faut citer un exemple).<br /> Le libre choix de nos partenaires sociaux. Nous sommes entourés de populations qui nous ressemblent mais nous ne profitons jamais de leur expérience (qu'elle soit positive ou négative). <br /> De même que nous sommes entourés de grandes nations qui disposent d'une logistique bien plus sophistiquée et plus efficace que la nôtre.On devrait se demander pourquoi mais on devrait surtout se demander pourquoi, quand nous sommes victimes d'une catastrophe naturelle ou pas, nous n'attendons de secours que de l'hexagone, comme si dans ces situations le temps n'avait pas d'importance.<br /> Et je n'ai fait référence ici qu'à ce que pourrait nous apporter des relations économiques et sociales qui aujourd'hui apparaissent comme infidèle. Mais je pourrais en dire tout autant de ce que nous pourrions apporter à ces relations si nous avions "le droit" de nous en donner les moyens.Mais attention...cela pourrait donner au peuple guyanais un peu trop d'estime de lui même...
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