Après un temps vient un autre temps. Il est le pouvoir des vivants, qu’ils relèvent du groupe des humains, de celui des animaux ou de celui des végétaux. On croît en des choses ou on n’y croît pas. On se sent grand et parfois petit, si petit devant l’immensité de notre ignorance. Pourtant, pour savoir si on est ignorant fichtre qu’il faut accumuler du savoir.
On a certainement des pouvoirs que l’on ignore et on a à raison le sentiment qu’une vie n’est pas suffisante pour ce que l’on veut réaliser. Ce sentiment est fondé et nous conduit à croire en la continuité des générations en vie et futures.
Le temps d’une vie humaine est long et court à la fois. Il dépend de l’animation dont on rêve et que l’on veut porter jusqu’à sa réalisation. Le piège, en quelque sorte, est la prise de conscience. Lorsqu’elle arrive, elle nous submerge car, on comprend que la réalité est bien plus grande que soi par sa complexité. On perçoit des choses que d’autres ont du mal à en être sensible.
On se pose mille et une questions. Simplement parce que l’on sait que la société nous a formaté et que l’on est censé être ses produits. Elle a la force de faire ce qu’elle veut de nous tant que nos œillères nous empêchent d’interroger le dogme de la citoyenneté qui nous est imposé et qui fait de nous des êtres dits sociables. Cette sociabilité est notre docilité à ce que la société a jugé juste et bon au moment de sa conception.
Nous sommes ses membres. Elle a prévu les outils de la persuasion, de la coercition et de la répression pour faire de ses membres de piètres personnes ou des personnes de valeurs mais toujours à son service, toujours en tant qu’éléments nécessaires à son fonctionnement. Il y a la société qui est un ensemble de personnes singulières que l’on veut rendre identiques par groupe pour répondre aux aspirations, aux objectifs qu’on lui assigne. Il y a le système qui est un ensemble d’équations dont la cohérence a un objectif, celui des concepteurs. Par suite, aucune société n’est neutre car, aucun système n’est neutre. Notre interrogation est de savoir ce que nous attendons de la société. Sa conception a-t-elle intégré les aspirations du plus grand nombre. Quel est son objectif, qui l’a pensée et pour qui ?
Si cette introduction vous interpelle et que vous lui trouvez un intérêt, je vous invite à partager avec moi le chemin que j’ai choisi d’explorer pour mieux comprendre cette société et surtout pour la transformer voire la changer. De mon point de vue, ce chemin nécessite des préalables que je vous soumets. Le premier est que nous ne devons pas perdre de vue que nous passons sur terre. Notre temps individuel est court en termes de durée mais il s’inscrit dans le temps de l’humanité qui lui est bien plus long. En ce sens, une de nos obligations est la solidarité entre générations. « Après nous, ce ne doit pas être le déluge ». Un de nos engagements est notre perspicacité à trouver la fonction logique qui va pérenniser le progrès de l’humanité pour que nous n’ayons pas à regretter le passé tant notre présent doit en être meilleur et les perspectives du futur se résumant en un espoir qui va au-delà du possible.
Enfin, cette voie que je vous propose d’explorer concerne la société guyanaise impliquant une suite dans les préalables. Autrement dit, nous devons dépasser l’idée de morphologie apparente, nous devons accepter d’être des libres-penseurs pour avoir le courage d’interroger tous les dogmes qui viendraient contrarier la dynamique de notre réflexion, nous devons être animés en priorité par l’émancipation et une forte volonté d’être des humains épris de liberté.
La Guyane est un territoire à part entière qui se situe en Amérique du Sud. Elle a une histoire douloureuse que nous connaissons tous depuis la colonisation sous François 1er alors que vivaient en cohérence avec l’environnement, depuis des siècles, les Amérindiens. Il nous faut donc analyser le système en ce qu’il a d’apparent et ce qu’il contient de caché. Le cœur du système se trouve là. C’est ici que se trouve sa valeur secrète. Par implication, c’est ce que les concepteurs du système ne veulent pas que l’on découvre.
Souvent, les pistes que nous sommes amenées à emprunter sont celles qui sont en rapport avec notre degré d’aliénation au système. Plus nous nous libérons de cette aliénation et plus nous devenons lucide et plus notre appréhension du système devient claire. Ainsi, Une des équations du système est le standard de politesse qu’il nous impose. L’a-t-on examiné ? Nous sert-il dans notre quête à l’émancipation ou, nous contraint-il à la docilité dont le système a besoin pour fonctionner ? Il nous arrive de prendre ce standard de politesse comme référence pour confondre ceux qui sont différents de nous or, nous ignorons la source de ce standard et pire nous ne faisons pas l’effort d’analyser le standard de politesse de l’autre. Cette attitude est de surcroît contradictoire avec notre comportement, d’une manière générale, à l’égard des multinationales qui viennent aspirer nos ressources naturelles tant dans le domaine de la biodiversité que dans celui des minerais par rapport aux entreprises locales. Pourtant, il s’agit de la même logique sauf qu’avec les humains on s’enrichit de la différence alors qu’avec les multinationales on s’appauvrit sur tous les plans. Ce standard de politesse ne peut-il pas être utilisé pour nous faire accepter l’intolérable en ces temps de Covid 19 comme la mission de la Professeure Lacombe en Guyane au moment où l’on parle d’éventuels conflits d’intérêts avec le laboratoire Gilead ? Enfin, cette équation, lorsque le système veut subrepticement l’exacerber, nourrit la xénophobie et obtient un répit.
Une autre équation qui fonde le système est celle du non développement. Peut-on un seul instant imaginer l’absence de cette équation dans le système ? Il n’est plus le même et la société n’est plus la même. Donc, le non développement est une des conditions sine qua non du système. En d’autres termes cela signifie que si la population va mal dans la société, le système se porte bien si son but est d’enrichir une minorité par le pillage des richesses de toute nature. Se sentir mal dans la société n’est pas lié seulement à la misère matérielle mais aussi à la souffrance intellectuelle. On comprend que l’organisation du système est inclusive et exclut de facto ceux qui ne partagent pas ce pourquoi il a été fondé. C’est la raison pour laquelle il a besoin de supplétifs, d’une forme moderne d’indigénat.
Nous pourrions parler du standard d’Education qui a un rôle bien précis dans la construction du système. Ce standard d’Education est lié au principe d’assimilation. Encore une chose stupide. Assimilation des personnes mais également assimilation du territoire. Si l’assimilation des personnes est le résultat de la conjonction de la force de l’aliénation et de la faiblesse de la résistance à cette aliénation, L’assimilation du territoire et de sa nature relève d’une grande supercherie. Qu’y a-t-il de similaire entre le territoire guyanais tel qu’il est et celui du territoire hexagonal pour justifier un principe d’assimilation... Vous avez d’un côté un territoire dont la nature relève d’une société simple et de l’autre un territoire dont la nature relève d’une société complexe. Si on considère que la définition de l’assimilation est une application injective, il sera bien difficile de démontrer l’identité des deux territoires. En fait, cette assimilation qui nous fait accepter toutes les lois et mesures issues du territoire hexagonal n’existe pas. Il s’agit d’une vue de l’esprit. Quant aux personnes, il va de soi que si les guyanais ne se déshabillent pas du costume qu’on leur a fourgué, ils resteront jusqu’à la fin de leur existence hors de leur réelle personnalité, Ils existeront en permanence à côté de ce qu’ils sont réellement. Ils mourront sans avoir connu ce qu’ils sont intrinsèquement.
Le système est une organisation d’équations à partir d’une définition précise de la société. Ces équations constituent sa procédure interne de laquelle va sortir son objectif final. Les éléments qui vont nourrir la procédure sont les variables d’entrée. Celles-ci sont le fruit non pas de la population assimilée mais bien de celui qui assimile. Comment donc cette population peut-elle prétendre objectivement à l’émancipation, à la liberté d’entreprendre, à la prise de décisions… Si diriger est réellement gérer, administrer et prévoir, à partir de quels leviers la représentation du peuple peut-elle diriger ? On en déduit inéluctablement que le système à défaut d’être l’ennemi du peuple n’est pas, au strict minimum, son ami. Ses variables de sortie laissent croire en apparence que la société est seulement matérielle. Il s’ensuit que nos analyses s’inspirent de cette apparence et tentent de trouver des réponses uniquement rationnelles au délitement économique et social de nos types de sociétés.
Il me semble que la force de ce système qui traverse les siècles depuis François 1er, en mutant bien sûr, se situe au niveau mental. Nous devons comprendre que derrière les équations du système il y a une force mentale qui est en rapport avec ses aspirations, ses désirs qui vont constituer son objectif final. Plus les aspirations, les désirs sont élevés et plus le mental doit être élevé. L’enchaînement des équations génère la pauvreté matérielle et le mental qui nourrit le système débouche sur l’usure des intellectuels d’où la souffrance intellectuelle.
Si nous sommes nombreux à comprendre ce mécanisme, nous devons affronter le système avec intelligence et ne pas confondre action et agitation. Il nous appartient collectivement de définir la société dans laquelle nous voulons vivre. Cette définition se construit sur les valeurs que nous voulons partager majoritairement. A partir de cette démarche, nous devons construire un système qui est en mesure de se substituer à celui qui existe. Il doit donc être bâti sur le même plan c'est-à-dire ce qu’il a d’apparent et ce qu’il contient de caché. Il y a donc une égalité parfaite dans la conception sauf que la nuance est fondamentale car, il serait issu de la majorité du peuple et non de celui qui assimile. Nous comprenons bien que les équations qui vont constituer le système devront être en adéquation avec les aspirations, les désirs du peuple.
Pour cela, nous devons être exigeant avec nous-mêmes pour que nos aspirations, nos désirs ne soient pas en-dessous de ceux du système que l’on veut combattre. Par suite, le mental collectif et individuel doit être en rapport avec nos exigences. C’est ce qui fait la force du système et qui use Psychologiquement l’adversaire présumé.
De tout ce qui est dit, les éléments essentiels de l’émancipation sont la liberté et le mental. Nous avons donc un besoin vital de liberté et de mental…