Les quatre mois octroyés à la compagnie Montagne d’or pour convaincre la population guyanaise du bien fondé de leur projet sont arrivés à terme. Malgré les moyens financiers énormes mis pour leur propagande, le retour sur cet investissement est nettement négatif. Cette utilisation des média, des réseaux sociaux et des autres supports de communication a permis à la population de prendre conscience des différents enjeux de ce soi-disant développement économique du territoire. La conscience sociale s’est élevée. Les citoyens ont écouté, ils ont entendu, ils ont lu et ils ont compris. A l’arrivée, à 69% la population guyanaise rejette ce projet de la Montagne d’or. Pis, sur l’arrondissement de Saint-Laurent du Maroni où se situe le projet, le pourcentage est bien au-delà, c'est-à-dire à 81%.
Ces chiffres ne sortent pas du chapeau d’un prestidigitateur, il s’agit d’un sondage sérieux qui a valeur, pour nous, de référendum. C’est un sondage IFOP commandé par WWF. Personne, certainement ne s’attendait à ça. Déjà la démarche, fallait y penser. Ensuite, le résultat. Il est évident qu’un débat public qui n’est pas suivi d’une consultation référendaire ou non peut être considéré comme une forme d’imposture. Le résultat de ce sondage montre le décalage qu’il y a entre les élus, se comportant au minimum comme des monarques et au pire comme des tyrans, et les citoyens sensibles à la qualité de leur existence. Ce décalage dans l’idée que l’on se fait du vivre ensemble se vérifie déjà lors des élections au regard du taux d’abstention qui est sensiblement le même.
Donc, c’est la fin du débat public. Attention, ce n’est pas la fin de la lutte. Tout n’est pas fini. Le Président de la République a dit qu’il se prononcera à l’automne. Il est celui qui nous a dit qu’il n’était pas le Père Noël. Nous devons penser qu’avec un tel sondage, dans la configuration actuelle de la Constitution, il sera difficile pour le Président de la République de valider ce projet. Néanmoins, nous ne pouvons pas nier qu’il y a des velléités de modifications fondamentales de l’esprit de la République. Il est évident que si le projet n’est pas abandonné nous serons obligés de nous interroger sur l’intérêt d’une société humaine, sur le sens de notre société, sur le sens de notre existence. Par conséquent, nous devons maintenir la pression, continuer à élever notre conscience sociale car, c’est notre responsabilité qui est en cause.
«Or de question», «les 500 frères», «Trop violans», «ONAG», «GA», «FOAG», «GMP», «Collectif Couachi», «Guyane Ecologie», «Yépé», «Maïouri Nature», «Colibris», «Kalalawa», «Cap 21», «UPR Guyane», «CGG», «La maison du Citoyen», «MMA BOBI», «Guyane Insoumise », «Le Parti Progressiste Guyanais» et toutes les autres organisations qui font partie de ce grand collectif que je n’aurais pas citées, constituent le camp de la dignité et de la responsabilité. La dignité est le plus grand principe de l’homme. Notre dignité se manifeste par le respect que nous nous portons, nous ne nous rabaisserons jamais, nous ne nous soumettrons jamais à la raison du plus fort. C’est pour cela que les autres ne pourront pas se permettre de nous imposer ce que nous ne concevons pas. Notre responsabilité va au-delà de nous-mêmes parce qu’après nous, ce n’est ni la fin du monde, ni le déluge. Nous sommes conscients de notre obligation à l’égard des générations en vie mais surtout de celles à venir. C'est une dialectique qui émerge de notre niveau de conscience qui fait de nous l'obligateur et l'obligé en même temps. Nous sommes conscients que ceux qui sont les plus éclairés doivent apporter la lumière à ceux qui le sont moins. C’est ainsi que nous disons que les emplois que ce projet propose sont l’équivalent du suicide. Ce sont des emplois de la mort. Le cyanure est un poison, il est extrêmement polluant. Associé à l’eau, il dégage un gaz mortel.
L’abandon de ce projet de la Montagne d’or va entraîner l’arrêt de l’usine de production de cyanure de la société Au Plata. C’est une grande victoire. Le développement économique par la fabrication de produits inflammables à haut risque n’est pas dans notre conception du développement endogène. Notre intérêt est celui de l’intérêt de la communauté humaine à laquelle nous appartenons. Avec le résultat de ce sondage nous devons être attentifs au réveil des opportunistes qui risquent de venir polluer l'opposition objective à ce projet. Restons donc mobiliser.