Ce phénomène naturel parmi d’autres n’est pas le seul à nous pousser à l’interrogation. La mort nous met en conscience avec le temps fini, la fin d’une conscience humaine, la réalité d’une matière inerte qui deviendra putréfaction. Elle est pour celui qui vit la fin de vie une source de réflexion. Quel est le sens de la vie, quelle leçon en tirer, quelle résolution adoptée individuellement face à elle. Enfin, comment partager cette réflexion avec les autres s’ils ne considèrent pas la mort de la même manière que soi.
Lorsque l’ouragan, aujourd’hui « Irma », frappe ce qu’il y a de génie humain ; les sociétés humaines, leurs structures, leurs hiérarchies des normes, lorsque les dégâts sont aussi importants en l’espace de quelques minutes, ne doit-on pas s’imposer une réflexion profonde sur ce que nous représentons dans l’univers… Ne doit-on pas s’imposer une remise en cause de notre comportement, de notre absence d’humilité, de notre manque de solidarité, de fraternité…
L’ouragan est un vent mais pas n’importe lequel. Et si, il avait un esprit puisque l’on parle de son œil… Et si, il savait ce qu’il faisait… Il y a des vents qui sont comme nos amis. Ils sont là avec nous, ils sont domestiqués. Ils font partie de notre environnement comme les chiens, les chats qui nous tiennent compagnie. Il nous arrive parfois de constater leur absence et de les réclamer. Nous les sollicitons souvent pour nous rafraîchir tant nous avons l’impression d’étouffer. Alors, nous sommes installés dans un cocon, un Eden dirais-je… Ainsi, nous bâtissons des sociétés avec leurs lots d’injustices sociales, économiques où l’opulence côtoie sans vergogne la misère. Des sociétés où la pauvreté n’apparaît pas comme une préoccupation majeure. Plus il y a de pauvres et plus ces sociétés dites modernes sont considérées comme des réussites.
Alors, n’est-ce pas la nature qui reprend ses droits lorsque ces vents, ceux-là qui traumatisent aussi bien les nantis que les pauvres nous font savoir qu'ils font partie de notre univers? Ces vents qui nous font part de leur force, de leur puissance et de leur pouvoir. Ils ne sont pas nos amis à l’instar des loups et des fauves. Notre Eden devient un enfer et les pauvres, les humiliés deviennent les alliés de circonstance de ce phénomène qu’est l’ouragan. Ceux qui réfléchissent sur les inégalités générées par la violence de la société s’abstiennent de tout jugement et s’interrogent sur ce qu’il faut de plus pour que les humains au-delà de leur morphologie apparente se penchent sur une construction plus humaine de l’organisation sociétale. Avec ces vents d’une régularité dans leur violence, ce n’est plus le temps fini qui nous interpelle mais bien le temps continu. On entend le gémissement de ceux qui ont surtout perdu leurs biens matériels. Ceux qui n’en n’avaient pas ne savent pas ce qu’est de gémir pour ça.
La stupidité des terriens émeut les tornades, les ouragans, les séismes de toute nature comme si ces infiniment puissants étaient dotés d’intelligence.
Ainsi va notre vie terrestre…