Le Budget de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) a été voté par tous les élus de la majorité. Les élus de l’opposition se sont abstenus. Autrement dit, tous les élus de la majorité sont responsables et solidaires devant le peuple de l’exécution de ce budget. Nul n’ignore que l’élaboration d’un budget respecte certaines règles et notamment le principe de sincérité. Il va de soi qu’aucune charge n’a été sous-estimée et aucun produit n’a été surestimé. Dit autrement, le compte administratif qui est l’expression réelle de l’exécution du budget va être sensiblement son image fidèle. C’est à dire qu’au terme de l’exercice annuel, les écarts constatés ne seront pas très significatifs.
Politiquement, le budget exprime les promesses de campagne de l’actuelle majorité et son programme qui a enthousiasmé les électeurs qui ont porté leur suffrage sur cette liste. C’est pour cette raison que toute la majorité est responsable de l’élaboration et de l’exécution de ce budget.
Je ne vous propose pas d’analyse technique du budget, ni de commentaire sur l’emprunt de 53 millions d’euros annoncé médiatiquement par le Sénateur-Maire Georges PATIENT, ni sur les opérations d’ordre qui n’ont aucune influence sur la trésorerie de la Collectivité. Si par exemple l’emprunt qui est une ressource et non une recette est une supercherie le doute sera de mise sur les éventuelles complicités.
A travers les lignes qui vont suivre, je souhaite vous faire partager une certaine conception que j’ai d’un budget. J’oublie volontairement les aspects techniques, règlementaires et légaux du budget. Je veux vous convaincre qu’en regardant les grandes masses du budget nous avons une lecture de la politique qui sera menée ou de la non politique au sens noble du terme et bien entendu de son échec prévisible ou de sa réussite évidente.
Pour cela nous devons admettre certains préalables. D’abord un budget est le cœur d’une organisation humaine sur un territoire donné. Son élaboration doit avoir pour objectif de satisfaire les préoccupations des hommes et des femmes qui vivent sur ce territoire et de permettre l’élévation de la conscience collective afin de garantir l’efficacité communautaire du groupe en termes d’activité. En ce sens me semble t-il le budget est l’affaire de tous. En conséquence nous devons tous faire l’effort de comprendre politiquement le sens d’un budget.
Je vous invite donc à prendre connaissance des valeurs relatives du budget de la CTG. Je vais donc vous énumérez les premiers termes qui accompagnent les pourcentages, il vous appartiendra de faire l’effort pour avoir les intitulés complets.
14% du budget est consacré à l’enseignement supérieur….
1,73% à la sécurité
5,54% à la culture
13,21% à la solidarité
1,25% aux APA
24,92% au RSA
14,65% au développement des territoires
4,32% à l’accompagnement au développement
3,55% au remboursement de la dette
16,83% au fonctionnement de la CTG
Ainsi est la répartition du budget de la majorité de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG). Abstenons nous de faire une critique politique de ce budget car, il est l’expression du résultat des urnes. Quand bien même on pourrait s’interroger sur le caractère dit démocratique de ces élections il nous faut admettre que la sourdine est indispensable lorsque 57% des électeurs décide de s’abstenir au premier tour de l’élection et que 54% s’abstient au second tour. Mais, la démocratie n’est pas seulement le moment des élections c’est la séparation des pouvoirs et surtout la possibilité de s’exprimer en temps continu sans craindre de représailles ni de tracasseries administratives. C’est aussi le devoir d’expression des partis politiques.
Permettez-moi de vous rappeler que les recettes des entités publiques sont les impôts prélevés sur les personnes morales et physiques, les différentes taxes assises sur les biens et prélevées sur l’activité et éventuellement des emprunts remboursés indirectement par les contribuables. Pour ces raisons, l’argent public nécessite une utilisation rigoureuse, efficace et au service de tous.
Faîtes donc la lecture que vous voulez des chiffres ci-dessus. En prenant toutes mes responsabilités, il m’apparaît que c’est un budget qui à l’instar des autres conduira le territoire à la faillite. Aucune perspective de création de richesses n’apparaît dans ce budget. 4,32% est consacré à l’accompagnement au développement. Que nous dit-on ? On va accompagner l’industrie minière. Le terme industrie n’est pas anodin. Il s’agit de multinationales telles Colombus Gold et Newmont. Quelle en est la raison ? La création de « 15000 emplois à la clé ». Lorsque l’on est sérieux on évite de faire souffrir son intelligence, on fait tout son possible pour éviter l’accident entre son érudition et un tel message. Pourquoi dis-je cela ? Selon les chiffres de l’Insee, la population active de la Guyane est de 81300 personnes. Le nombre de chômeurs est de l’ordre de 18000 personnes. Etes-vous suffisamment stupides pour penser que les 18000 personnes sont toutes destinées à exercer dans la filière minière ? Offrons donc aux multinationales nos ressources naturelles, la destruction de notre environnement pour cette illusion du plein emploi. Ces 18000 chômeurs au sens du BIT ont tous une formation complémentaire dans les tâches d’exécution qui seront proposées hihihi ?... Je ne fais pas de commentaire sur les autres agrégats. Les militants de notre parti savent ce qu’il en est. Certainement qu'au mois d'octobre 2016 nous aurons une idée précise de la situation financière hibernée de la CTG.
Sérieusement, quelles sont les préoccupations de notre société ? L’inactivité, l’insécurité, une poussée de l’intolérance qui banalise la xénophobie et le racisme. Un budget de prospective doit répondre à ces préoccupations. L’inactivité est un fléau, particulièrement dans une société de consommation comme la nôtre où le mimétisme également apparaît comme la référence de l’homme dit évolué sic .. L’insécurité est la conséquence de l’ignorance de l’absence de savoir et de savoir-faire. L’intolérance trouve son origine dans l’ignorance, dans l’exaspération, dans l’absence de valeurs communes et donc l’absence de dimension culturelle
Lorsque les problèmes sont bien identifiés, il faut du courage politique pour les résoudre. Si le courage politique consiste à remettre en cause le système qui génère un obstacle à la décision, il doit être pris. L’existence humaine n’est pas un marchepied, les conditions d’existence nécessitent un engagement supérieur à tout autre chose.
Que l’on cesse de se plaindre et qu’on prenne notre destin en main c’est une responsabilité individuelle et collective. Le courage est la plus belle arme de la volonté politique.