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  • : Le blog de Jean-Marie Taubira
  • : Je suis Président du CRAPAG (Cercle de Réflexion et d'Action pour l'Avenir de la Guyane), Depuis le 10/12/2008, je suis le Secrétaire Général du Parti Progressiste Guyanais (PPG). Mon ambition est l'élévation de la conscience collective
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16 mars 2016 3 16 /03 /mars /2016 20:34

« C’est de la responsabilité des intellectuels de dire la vérité et de dévoiler les mensonges » Noam Chomsky.

La loi du 27 juillet 2011 en créant la Collectivité Territoriale de Guyane avait tout prévu en faisant de la commission tripartite présidée par le Préfet, le représentant de l’Etat sur le territoire, une structure devant préparer la mise en place de cette Collectivité Unique.

Entre cette date et celles de l’élection des 6 et 13 décembre 2015 qui consacrent la légitimité de la structure institutionnelle par le suffrage universel, il n’y a pas l’ombre d’un doute que le temps alloué était largement suffisant pour que tous les citoyens aient une idée suffisamment précise de la situation des deux collectivités appelées à fusionner et particulièrement les candidats à ces élections.

Il n’en fut rien. Les candidats n’étaient donc pas sur le même plan d’égalité et les électeurs devaient se prononcer sur un sujet dont ils n’avaient pas la moindre information. Si l’élection était une marchandise, il y a forcément dol. Autrement, avec les supputations, c’était le sujet qui tournait autour de l’objet faisant ainsi une contre-révolution copernicienne.

Le fort taux d’abstention au premier tour (57%) montre le ras-le-bol du corps électoral qui ne se laisse pas duper par une illusion de démocratie. C’est triste pour notre société et c’est un acte qui pénalise l’avenir et qui enfonce davantage tous les citoyens. On peut le considérer comme un acte par dépit.

Les élections terminées, Le Président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) demande au Sénateur honoraire de Guyane de procéder à un audit sur les deux Collectivités à savoir le Conseil Général présidé par Alain Tieng-Liong et le Conseil Régional présidé par Rodolphe Alexandre actuel Président de la CTG. Pour ce faire il met à sa disposition "le DGS de la Collectivité, des rapporteurs autour de la Cheffe de la mission de contrôle de gestion" de ladite collectivité ainsi que "des experts financiers externes" dont on peut supposer à défaut de plus amples informations qu’ils étaient prestataires de la Collectivité régionale. Sans remettre en cause la loyauté de l’équipe, on ne peut empêcher à certains de se poser la question de l’objectivité de la démarche et de l’audit.

A l’annonce du résultat de l’audit s’ensuit un tintamarre assourdissant amplifié par certains média. Le Président de la CTG prend à partie le Conseil Général qui aurait laissé filer le déficit et remettrait en cause ses promesses électorales. Dans ce vacarme, on se dit que les média dans leur posture de structure indépendante vont éclairer leurs auditeurs, leurs lecteurs. Il n’en n’est rien. Il est vrai que tous les journalistes ne s’appellent pas Pierre Brossolette, Albert Londres ou plus près de nous Edwy Plenel.

La situation est catastrophique. L’avenir apparaît de plus en plus sombre dans le système qui administre notre société à savoir l’article 73. La prospective n’est pas pour maintenant, non pas à cause du Conseil Général mais, des deux collectivités. A regarder l’audit assez rapidement, on comprend l’intérêt que les deux exécutifs (Conseil Régional, Conseil Général) avaient à ne pas présenter de compte administratif, ni de bilan avant l’élection.

Pour ma part et pour les camarades du Parti, sans chercher à remettre en cause l’audit, j’ai extirpé les éléments qui me paraissent significatifs et je les soumets à votre sagacité. Ces éléments sont, le résultat courant, l’endettement, le personnel, la valeur ajoutée (V.A.), le taux du déficit et de l'endettement par rapport à la V.A. Ces éléments sont suffisants pour apprécier l’état de la nouvelle Collectivité.

Le « Résultat courant » pour les deux Collectivités est un déficit de 30 millions d’euros pour le Conseil Général et de 24 millions d’euros pour le Conseil Régional soit un montant global de 54 millions. Je fais fi volontairement des opérations exceptionnelles d’autant que le Conseil Régional a des produits exceptionnels à hauteur de 21 millions d’euros avec notamment un intitulé « Neutralisation des amortissements » pour 10 millions d’euros et un autre « produits exceptionnels sur opération de capital » pour 11 millions d’euros sans que l’on sache avec précision s’il s’agit de cession d’immobilisations ayant un impact sur la trésorerie.

En ce qui concerne l’endettement des deux collectivités, on constate que le Conseil Général est endetté à hauteur de 52 millions d’euros dont 49 millions en dettes financières à long terme. Le Conseil Régional est quant à lui endetté à hauteur de 138 millions d’euros dont 132 millions de dettes financières à long terme. Il est précisé dans le document qu’il n’y a pas d’emprunt toxique au Conseil Général alors qu’au Conseil Régional une partie des emprunts est toxique.

Le traitement concernant le personnel n’a pas respecté le principe de l’identité analytique. Sur le Conseil Général il est précisé que l’effectif est de 2786 au 31/12/2015 en rappelant qu’il était de 2469 au 31/12/2014 permettant d’appréhender la variation sur une année. Sur le Conseil Régional, l’audit est muet. Pour les besoins d’appréciation ci-dessous je vais retenir grosso-modo 600 employés dans la mesure où durant la campagne électorale il était dit que la nouvelle collectivité commencerait son activité avec 3600 employés dont 3000 pour le Conseil Général.

Les éléments que je vous communique actuellement sont fonctions uniquement de l’audit. En cas de doute sur la nature des charges je ne les retiens pas. Cela concerne la valeur ajoutée. Le procédé retenu est celui utilisé pour les entreprises privées (CA-Consommation intermédiaire, CA remplacé par Recettes). En tout état de cause le mode opératoire est le même pour les deux collectivités. Pour rappel, il s’agit de la Valeur Ajoutée, des taux de déficit et d’endettement.

Grosso-modo, la valeur ajoutée du Conseil Général est de 112 millions, celle du Conseil régionale est de 83 millions. Si je rapporte le déficit du « résultat courant » de chacune des collectivités à leur valeur ajoutée, j’obtiens pour le Conseil Général un taux de 27% et pour le Conseil Régional un taux de 29%. En procédant de la même manière pour l’endettement sans distinction de court, moyen et long terme, j’obtiens la valeur relative suivante : taux d’endettement du Conseil Général : 46% ; taux d’endettement du Conseil Régional : 166%. Une autre donnée en extension intellectuelle peut apporter un éclairage sur la structure qui apparaît la plus douteuse et qui n’est pas celle qu’on présente, c’est de rapporter le déficit de chaque Collectivité au nombre de salarié. On constate pour le Conseil Général que la part de déficit pour chaque employé est de 11 mille euros, celle pour chaque employé du Conseil Régional est de 40 mille euros. Bien sûr, il y a d’autres indicateurs signifiants telle la trésorerie et son évolution dans le temps pour appréhender sa détérioration, la CAF par rapport aux outils financiers européens dans la configuration du cofinancement des investissements éventuellement à venir.

Si l’on devait se référer aux règles de l’Union Européenne sur la rigueur budgétaire à savoir un déficit ne dépassant pas 3% du PIB qui est grossièrement la somme des valeurs ajoutées et un endettement ne dépassant pas 60% de ce même PIB, on comprend bien dans quelle situation se trouve le pays. J’imagine l’esprit de L’Elysée et de Matignon au regard de ce document face aux nouvelles demandes d’emprunts. Ils doivent se demander s’ils ne sont pas dans un asile de fous pour qu’un exécutif puisse faire une telle demande comme si un emprunt est une recette. D’autre part, il est stipulé sur le document que deux emprunts ont été contractés en 2015 par le Conseil Régional pour un total de 35millions d’euros.

Il est facile de comprendre que ce tintamarre, si vous préférez, cette pétarade, ce tumulte, ce désordre vocal bouffent l’énergie de notre cerveau, de surcroît, ça ne nous tire pas de la situation exécrable dans laquelle nous sommes. Nous citoyens, nous agents économiques du secteur privé, c’est la galère, c’est la souffrance intellectuelle et celle du ventre, c’est l’angoisse, c’est la prison à ciel ouvert, c’est l’humiliation et la soumission à un système et à des Hommes qui nous écrasent comme un rouleau compresseur. On ne voit pas de perspective d’avenir, c’est désolant mais, pis l’immédiateté est profondément altérée. Il nous faut résister mais, jusqu’à quand... et avec qui …

Comme dit Stéphane Hessel, « Indignez-vous »

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