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  • : Le blog de Jean-Marie Taubira
  • : Je suis Président du CRAPAG (Cercle de Réflexion et d'Action pour l'Avenir de la Guyane), Depuis le 10/12/2008, je suis le Secrétaire Général du Parti Progressiste Guyanais (PPG). Mon ambition est l'élévation de la conscience collective
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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 00:13

Dans mon article intitulé «En finir avec les traumatismes » je vous ai tracé la colonne vertébrale de notre histoire collective et je vous ai promis une suite. Je soumets donc à votre sagacité ma réflexion sur la suite de notre histoire que nous avons à construire ensemble. Bien entendu, l’article ne s’adresse pas aux réactionnaires, ni aux révisionnistes. Il est destiné à tous ceux qui sont pour le progrès de l’humanité, qui ont marre des inepties, des bobards, des mensonges, de l’hypocrisie et qui sont résolument pour l’amélioration matérielle et spirituelle de l’humanité. Le tout étant une question d’équilibre tant d’un point de vue individuel que d’un point de vue collectif.

 

Au regard du dernier article, il nous est permis à minima d’avoir le choix entre deux attitudes à savoir : la vengeance ou la justice. D’emblée, j’écarte le choix de la vengeance. Je pourrais en rester là et développer celui de la justice. Pourtant, en quelques mots je vais expliciter mon refus de cette posture. Elle répond au principe de la loi du talion. « Œil pour œil, dent pour dent, vie pour vie ». Il est l’expression des sociétés dogmatiques et il introduit une réaction impulsive qui n’est pas un gage de lucidité. Au plus profond de moi, cet adage ne constitue pas une élévation du niveau de la conscience humaine. Il nous situe au même niveau que les animaux. Il fait de nous des adeptes de l’horreur, des partisans de l’ignorance, des fanatiques de la partie reptilienne qui est en nous. On ne peut être pour le progrès de l’humanité et en même temps s’accommoder de la bestialité de l’être humain, de ce qui apparaît dominant dans sa nature faute de culture et de raison.

 

Suis-je naïf pour autant, suis-je utopique pour cela… La situation de la Ministre de la Justice dans le Gouvernement des Premiers Ministres Ayrault et Valls dans l’Hexagone me rappellerait la réalité de l’existence humaine. Mais, la récente déclaration du Pape François demandant pardon pour la colonisation avant de se rendre au Paraguay, Bolivie et Equateur, espaces géographiques typés, me permet aussi d’appréhender la capacité qu’ont les humains à élever leur niveau d’humanité et à reconnaître les horreurs du passé. Parce que la recherche de la vérité sur notre existence sur terre est mon crédo, parce que je crois en notre capacité à nous dépasser, à être altruiste, je choisis avec lucidité la justice, celle qui doit lutter avec parcimonie contre l’exaspération des masses, celle qui agit en fonction des valeurs humaines et qui reconnaît tout homme comme faisant partie de la famille humaine. Cette justice avant d’être institutionnalisée, est avant tout dans l’esprit des hommes. C’est la seule transcendance que je me reconnais et qui me stimule. Je crois que bâtir une Guyane forte, une Guyane juste, une Guyane où le respect des autres et de soi est le moteur de chacun d’entre nous, passe par une lecture originale de notre passé. Ainsi donc, en choisissant la justice à la vengeance, je vous propose, par implication, une autre lecture de notre histoire plus avant-gardiste, plus à même de nous conduire vers ce qui fait la force et la vraie nature de l’être humain c'est-à-dire la liberté absolue de conscience.

 

La colonisation est la victoire de la bestialité sur la spiritualité. Le colonisateur est dominé par l’animalité. Le colonisé est envahi par la spiritualité. Le premier n’a d’yeux que pour la matière, que pour ce qu’il peut toucher et qu’il considère comme source de richesses. Il est prêt à refuser comme appartenant au genre humain tous ceux qui sont morphologiquement différents de lui. Le second est inféodé à la transcendance, même dans sa lutte, il s’interroge sur le comment de son existence et attend l’intervention d’une force extérieure à lui-même. Sans sous-estimer le niveau d’atrocité tant de la colonisation que de l’esclavage. Il me semble que les deux postures trouvent leur origine dans un déséquilibre tant individuel que collectif. Il importe donc que le colonisateur rétablisse son équilibre en hissant son niveau de spiritualité et que le colonisé pour retrouver son équilibre accepte d’élèver son niveau de matérialité. Atteindre cet équilibre fait disparaître les notions de colonisateur et de colonisé. Ainsi naît l’être humain équilibré et complètement achevé. Pourtant, ce qui paraît si simple est si compliqué à mettre en œuvre. Il est donc un vrai projet de société, un vrai projet d’organisation sociétale. Seule la confiance en l’homme, c'est-à-dire en soi peut nous donner l’espoir d’un nouveau paradigme humain.

 

J’ai envie de vous dire, peu nous importe le comment de notre existence. Il ne s’agit pas de faire « table rase » du passé. Mais, concevons cela dans notre espace privé et penchons nous publiquement sur le pourquoi de notre existence, quel est le sens de la vie, à quoi doit ressembler notre temps d’existence et que devons nous laisser à nos progénitures. Cette réflexion doit être portée par tous les hommes de bonnes mœurs. C’est une question philosophique qui doit nous donner la majorité, noir, blanc, jaune, rouge, métisse enfin quoi, tous les vrais hommes de progrès favorables à l’amélioration matérielle et morale de l’humanité. Rien n’est simple, le bonheur, le bien-être, l’émancipation, l’épanouissement sont le résultat d’une lutte qui s’appelle « honnêteté et responsabilité ».

 

Notre point de départ est la départementalisation de 1946 qui signe la dissolution de la colonisation, pas seulement sur la forme, mais également sur le fond. Par implication, les privilèges attachés à ce système sont de facto dissous. Ils meurent avec l’idéologie coloniale. Ainsi, nous devons considérer comme anachronique la détention de 90% des terres de Guyane dans le domaine privé de l’Etat. Nous devons admettre comme une faute politique et démocratique le maintien de l’économie de comptoir au détriment de l’économie de production sur le territoire. Nous devons considérer comme illégaux tant les comportements de colonisateurs que ceux de colonisés. Nous devons rejeter les castes qui se constituent dans la société. L’élévation de notre conscience individuelle et collective doit nous conduire à interroger toutes les lois qui administrent notre société dans le cadre de l’assimilation, de l’identité législative. Enfin, il nous appartient d’introduire dans notre réflexion l’itinéraire de l’émancipation qui est l’attribut de tout homme libre.

 

Ainsi conçu, nous pouvons entrevoir un vrai projet de société indissociable de sa méthode. C’est un binôme incontournable pour répondre aux aspirations de tous les citoyens. C’est le minimum que l’on demande à tout responsable politique, à tous ceux qui veulent parler au nom du peuple. Le Parti Progressiste Guyanais dont je fais partie mettra sur son site, dans la première décade du mois de septembre 2015 son projet de société ainsi que la méthode inhérente.

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