Rien ne sera plus pareil. Le temps n’est pas aux polémiques pour savoir si la République fait tout, ou a tout fait pour que la laïcité remplisse sa mission de liberté absolue de conscience, pour que par le biais de l’école de la République, elle forme des citoyens, des êtres humains dotés d’intelligence et de savoir, pour qu’elle puisse marginaliser l’obscurantisme.
En pensant au drame et à l’avant drame, on a la nausée, on ne peut pas ne pas se sentir mal de savoir comment on a laissé galvauder la laïcité, comment on a laissé fouler aux pieds cette valeur humaniste, cette valeur qui doit être au centre de l’Humanité. Même certains qui se prétendaient défenseur de la laïcité manquaient de courage pour la porter. Rien n’est simple. Tout se construit, tout se bâtit. Pour réaliser tout œuvre il faut du courage, de la volonté, de l’intelligence et du savoir. Oui, rien n’est simple. Il y a des moments où l’envie nous prend de nommer des hommes qui ont marqué l’esprit humain et je m’autorise à citer Galilée : « Mesure ce qui est mesurable et rends mesurable ce qui ne l’est pas ».
« Charlie Hebdo » a, contre vents et marées, tel un compas, rendu extensible le champ de la liberté de pensée, le champ de la liberté de conscience, le champ de la liberté tout court. Il a rendu mesurable ce qui ne l’était pas.
Souvent, seul contre tous, il a fait coïncider la théorie de la tolérance à sa pratique. Il animait l’esprit critique des hommes et des femmes épris de justice. Il faisait plus que toutes les institutions dont la mission est de former des êtres humains éclairés. Ce journal satirique était philanthropique, philosophique et progressif. Il n’allait jamais trop loin. Il permettait de mesurer la capacité d’assimilation de l’intellect humain. Les plus connus d’entre eux sont morts, abattus lâchement, comme le font les mafieux. Ils n’ont pas été brulés vifs mais c’est tout comme. Comme l’équerre, il y avait de la rectitude dans leur mode de pensée. Il leur fallait résister à l’obscurantisme de tous ceux qui voulaient leur trouver de l’excès dans leur provocation. Ils étaient tout simplement d’une intelligence rare et, les crétins n’aiment pas çà.
« Charlie Hebdo » était en difficulté financière, on n’a pas cessé de le répéter depuis l’assassinat.. Il était en difficulté et pour cause… Il ne tirait qu’à 60 000 exemplaires dans un pays qui compte plus de 65 millions d’habitants.
Pleurez, pleurez, pleurez nos chers disparus. Ils ne reviendront plus et c’est l’humanité qui est la grande perdante. Pleurez, pleurez, pleurez nos chers disparus car, « être Charlie sous l’émotion n’est pas suffisant », à 60 000 c’est toujours ça mais, on est loin du compte….
Etre Chzrlie