Les derniers événements survenus sur le territoire hexagonal concernant « Charlie Hebdo » et leurs conséquences n’ont pas l’air de conduire à une vraie prise de conscience de la situation. L’événement semble être immobile et les analyses sont statiques comme si le radicalisme, le fanatisme étaient en suspension dans la nature dans notre monde actuel, comme s’ils n’avaient pas d’origine. Les conclusions que l’on entend le plus souvent sont assises sur l’observation sélective des événements. Pour beaucoup d'entre elles, elles sont empreintes d’iniquité. On est en droit de se demander si vraiment ceux qui sont au sommet des structures sociétales veulent s’adresser à la raison humaine, si vraiment ils font confiance à cette même raison humaine. C’est choquant d’entendre des xénophobes, des racistes, des antisémites parler de la laïcité, c’est également choquant d’entendre des personnages qui se disent intellectuels, ayant des fonctions officielles ou non, favoriser le mélange des genres. Veut-on vraiment libérer la conscience humaine ? Cette libération si elle est souhaitée doit concerner le peuple et non quelques-uns qui se font passer pour des érudits afin de mieux l’exploiter et espérer devenir les nouveaux messies et prophètes du monde moderne. Si elle est souhaitée, elle n’est pas sans conséquence… Il faut du courage, de la volonté et de l’authenticité.
Depuis l’Antiquité jusqu’au 16ème siècle c'est-à-dire plus de 1850 ans, le monde a vécu sur une erreur de supposition et d’interprétation de l’Univers par Ptolémée et Aristote. Leur géocentrisme a débouché sur un triple dogme attribué à Aristote qui a conduit à concevoir l’image d’un Dieu anthropomorphique et à une perception binaire du monde entre, Monde imparfait et Monde parfait, Terre et Ciel, Enfer et Paradis. Des livres importants ont été écrits à partir de cette conception du monde et durant cette période. De nos jours, ils continuent à exercer une influence considérable sur l’esprit humain. Aucune modération, aucun recul pour ceux que l’on a privé de culture, de savoir, ceux dont on a anesthésié l’intelligence. Souvenons-nous, au temps de l’Inquisition, il y a eu la mère de Kepler astrophysicien, emprisonnée pour faits considérés comme de la magie. Il y eut Galilée qui s’est contredit pour éviter d’être brulé vif à l’instar de beaucoup d’autres. Cette barbarie était l’œuvre d’une institution au nom d’un Dieu. Aujourd’hui au 21ème siècle il y a « Charlie Hebdo » non, par une institution mais, par des groupes humains s’exprimant au nom d’un Dieu toujours anthropomorphique. Où est le progrès de l’Humanité ? Pourtant, il y a la reconnaissance officielle de l’héliocentrisme depuis le 16ème siècle, c'est-à-dire 415 ans avec un progrès considérable de l’astronomie. Qu’a-t-on fait de l’école ? Pourquoi tant d’ignorants dirigent-ils le Monde ? Certaines analyses de spécialistes de nos temps modernes nous interpellent de par leur subjectivité…
Une évidence. L’interaction des intelligences individuelles débouche sur une intelligence collective et va constituer une masse difficile à manipuler, parce que, instruite. L’interpellation sur cette évidence est telle que ceux qui dirigent le monde à partir des territoires spécifiques ont peur de cette masse parce qu’elle constitue potentiellement de l’énergie. On sait tous ce que peut donner une telle énergie. Vous avez compris, je fais une analogie avec l’E=mc² d’Einstein. Il vaut mieux certainement avoir un égrégore d’hommes et de femmes éclairés qu’un égrégore d’hommes et de femmes obscurs. Il nous faut choisir. Soit ce potentiel énergétique est laissé entre les mains des fous des dieux à cause de l’ignorance générée par l’injustice sociale, soit il est imprégné du savoir et de l’intelligence qui se condensent en une liberté absolue de conscience et une liberté de pensée face aux dogmes. Alors, quelle solution face aux enjeux relatifs au destin de l’Humanité ? Là, on comprend que si l’école s’est effondrée, c’est parce qu’il y a des intérêts transversaux qui ne sont pas compatibles avec le développement de l’intelligence collective et la transmission du savoir. Le choix du développement de l’intelligence collective va forcément toucher tous les secteurs de l’organisation sociale mais pas seulement celui de la religion car, lorsque l’on est intelligent, on l’est pour tout. En conséquence, les secteurs économiques et financiers seraient sous les projecteurs de cette masse éclairée. Par suite, c’est une façon de combattre la pauvreté, la misère, l’individualisme forcené.
Ceux qui revendiquent la philanthropie sont bien moins philanthropes qu’on le pense. La santé intellectuelle des peuples dépend de la logique des systèmes qui les conditionnent. Nul ne peut ignorer que tout système détermine les conditions de vie et d’existence de ses membres. Donc, s’il est juste et équitable, il va produire des individus justes et intellectuellement honnêtes. Il va de soi que les systèmes oppressants ne peuvent pas générer de liberté absolue de conscience collective, de liberté de pensée collective. Ils sont les foyers de manipulation, de mystification et d’illusions. Ils fondent la personnalité des individus et génèrent de grosses inégalités. Le fanatisme est une maladie mentale. Toute organisation humaine qui en produit au point de mettre en péril son système est elle-même malade. Car, le fanatisme est le produit des sociétés humaines. Si l’on veut créer de vraies sociétés avancées, il importe de traiter toutes les parties de l’organisation sociétale avec objectivité et équité et laisser tomber l’hypocrisie.
Lorsqu’Israël bombarde avec son armée la société civile palestinienne dont il a la responsabilité par le seul fait qu’il s’oppose à la création d’un Etat palestinien, n’y a t-il pas un seul humoriste, un seul journal satirique pour faire une caricature d’Abraham ou de Moïse ? Suis-je antisémite parce que j’observe cela ?
Alors, je suis évidemment « Charlie » et aucune circonstance atténuante ne doit être trouvée pour les crimes odieux qui ont été commis. Nous devons être « Charlie » mais pour toutes les congrégations religieuses sans exception. Nous devons l’être pour tous les caricaturistes sauf pour les théoriciens du racisme, de la xénophobie, de l’antisémitisme. Les sympathies de tout bord pour ces exécrables théoriciens à qui on veut accorder subjectivement la liberté d’expression alors qu’ils mettent en danger la composition plurielle de la nation nuisent à l’Humanité et nous rappellent ses heures sombres dont l’esclavage, le colonialisme, l’inquisition, les croisades, l’holocauste et les crimes d’aujourd’hui.
Si collectivement nous ne sommes pas prêts pour cette extension de notre intelligence dont fait référence « Charlie Hebdo » alors, nous devons interdire l’humour et la caricature sur toutes les religions sans exception et nous devons reconnaître la faillite de l’école dans une République laïque dont un maire a refusé en toute impunité l’inhumation d’un enfant rom au cimetière de sa commune nous rappelant ainsi le sort qu’était réservé avant la seconde guerre mondiale à une population d’Allemagne, de France et d’Europe de l’Est. Il ne nous reste plus qu’à pleurer, l’intelligence, le savoir et la connaissance, abandonnés. Depuis Ptolémée et Aristote, le Monde se devait d’être plus éclairé…