« Debout la République » laquelle ? La 3ème ? Le patron de ce groupuscule à l’échelle de la France hexagonale propose de « rouvrir Cayenne pour les djiadistes français » Pour lui, déjà, Cayenne est synonyme de bagne. Loin de marginaliser de tels propos car, ils n’ont pas été prononcés en privé, il est nécessaire d’y prêter une attention particulière. Ils sont la preuve de la résurgence d’un fascisme en pleine République. Il importe de se méfier car, l’histoire nous enseigne que les petits partis avec des idées soi-disant grotesques finissent par arriver au pouvoir sans majorité en période de crise et mettent en application leurs mauvaises réponses aux difficultés que traversent les sociétés humaines. Le cas du groupuscule nazi ne date que de la moitié du XXème siècle et, on a vu les dégâts.
Ce Dupont-Aignan est le digne fils spirituel de ceux qui ont eu l’idée de créer le bagne pour y mettre tous ceux qui ne partageaient pas leur point de vue notamment. Il croît que la Guyane sociologiquement est une colonie parce qu’il a certainement constaté que son non-développement économique laisserait à y penser. Il ignore que les filles et les fils de ceux qui ont souffert directement ou indirectement de leur ignominie n’ont pas l’intention de se soumettre, quand bien même, on pourrait trouver ici et là de très rares supplétifs. Entendre ça de sa bouche n’est pas surprenant, il nous rappelle les réactionnaires, les fascistes, ce sont les mêmes procédés. Il serait à coup sûr du côté de ceux qui ont comploté contre Dreyfus.
Il ferait mieux de voir comment il pourrait ouvrir un bagne sur le territoire hexagonal pour qu’il puisse faire un séjour en raison des propos qu’il tient. Par ceux-ci, il est aussi djiadiste des mots que les djiadistes des armes. Il apprendra à nous respecter. L’histoire ne se répète pas deux fois de la même manière. Le bagne n’est pas l’histoire des guyanais. Il est celle de la France qui se déshumanisait au point de porter vers la lumière Albert LONDRES, c’est l’histoire de la France qui montrait le niveau de sa civilisation en étant en contradiction avec sa trilogie : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Il me fait penser à tous ces racistes qui ignorent leur propre histoire.
Pour les humanistes, il est la définition de l’intolérance, il est en même temps la définition de la honte, enfin, il exploite comme le dirait Aristote, "les sentiments de la terreur et de la pitié", maux sous-jacents de la masse populaire lorsqu'on la prive de culture. Il nous permet de prendre conscience que sur notre territoire, il n’y a pas que des progressistes qui viennent de l’Hexagone mais aussi des gens de sa trempe, baignés par le complexe de supériorité, avec l’idée d’un pays conquis, d’un territoire sans peuple. Ils ne sont pas nombreux mais peuvent être très nuisibles et influents négativement sur le désir de faire de cette terre un espace dont le développement par une économie réelle pourrait garantir l’épanouissement du peuple.
Nous devons avoir en mémoire certaines indépendances qui ont construit une histoire terrible de l’humanité, l’Amérique du Nord en 1776 pour les amérindiens et les noirs, L’Afrique du Sud en 1910 pour les noirs et l’avènement de l’apartheid au vu et au su de toutes les sociétés qui se réclamaient de la démocratie. Lorsque Dupont-Aignan tient de tels propos, il n’est pas interdit de penser que le regard qu’il porte sur les populations de Guyane est méprisant et qu’il rêve les yeux ouverts de ce temps des colonies.
Les djiadistes français ont -ils peur de ce territoire, rien n’est moins sûr. La vraie question que devrait se poser Dupont-Aignan est celle de savoir pourquoi il y a des djiadistes français ? Comment se fait-il qu’ils arrivent à aimer la guerre à la paix ? Comment des jeunes censés pouvoir bénéficier des structures de savoir, de connaissances dans le Pays des lumières, le Pays du progrès technique et scientifique finissent par sacrifier leur vie ? Il devrait se pencher sur les conséquences de l’humiliation, de l’injustice, du racisme, de la xénophobie, des mensonges d’Etat qui conduisent des victimes à générer d’autres victimes. Il est facile de dire que c’est la faute d’internet, que les recruteurs sont efficaces. Ce sont les mauvaises réponses qui créent les djiadistes français comme la réponse du bagne pour les isoler.
Nous ne sommes pas exceptionnels pour avoir choisi la paix à la guerre, nous avons simplement substitué à l’ignorance, la connaissance, le respect des autres et de soi-même. C’est donc l’altérité associée à la connaissance qui peuvent venir à bout de ce type d’engagement