17 juin 2014
2
17
/06
/juin
/2014
18:25
La fronde de quelques parlementaires socialistes vient mettre un bémol à ce que l’on pourrait appeler l’édulcoration outrancière du socialisme vu par l’exécutif démocratico-républicain de l’Hexagone. Récemment sur France Info, le Premier ministre disait : « La Gauche peut mourir » après avoir dit qu’il fallait aller au-delà de la Gauche. Concevoir cela, c’est déplacer le segment électoral de la Gauche, c’est nier son identité qui constitue l’essence même du PS français. Voilà donc une preuve indiscutable qu’il n’y a plus personne pour faire de la politique. Elle perd de plus en plus son sens et ceux qui croient en l’égalité des chances, en l’Etat en tant que puissance devant garantir l’existence décente du plus grand nombre sont largués. Il ne reste plus que la philosophie, la théologie et la science pour parler de l’Homme. Quel retour en arrière… La politique c’est la théorie et la mise en pratique d’une certaine idée de l’homme dans son environnement, dans un système donné.
Que signifie aller au-delà de la Gauche ? Cela veut tout simplement dire abandonner certaines valeurs de gauche, tendre vers le compromis, voire la compromission en adoptant d’autres valeurs qui ne sont pas les siennes, c’est capituler en face de la notion de partage et de solidarité, c’est refuser de franchir les obstacles dont Saint-Exupéry pensait qu'ils permettaient de se découvrir, c’est fuir la notion d’engagement le plus difficile à porter car le plus complexe à faire partager, c’est avoir peur de défendre la liberté, la liberté absolue de conscience, c’est s’aveugler face à la pluralité des hommes qu’il faut tenter de réunir malgré leur différence, c’est nier la réalité de la réciprocité des êtres humains malgré leur morphologie apparente.
Certains socialistes qui tiennent les rênes du pays France ont décidé de changer de modèle de société. Ils n’ont d’yeux que pour celui des Etats-Unis avec deux grands pôles dont l’un serait l’extrême droite que l’on cherche à sociabiliser et à diaboliser en même temps (stratégie de communication machiavélique) et l’autre, une sorte de centre droit qui écarterait ceux qui conçoivent le bien commun comme essentiel. Par suite, d’une, part on ferait croire que le centre droit serait la gauche et l’extrême droite, la droite. D’autre part, avec une telle bipolarisation, l’institutionnalisation du système économique libéral serait plus concevable, plus facile à accepter. Dans ce modèle à l’américaine, il est plus facile de justifier la pauvreté, le chômage, l’injustice à côté du contingent de riches et de très riches car, c’est le principe du sauve qui peut, la nasse pour les malheureux, les misérables.
Certains de ceux qui se disent socialistes sont arrivés à ce niveau avec la complicité d’autres socialistes qui se taisent par opportunisme et carriérisme. Ils fabriquent la contrainte à la liberté, ils érigent en faits naturels la domination des uns sur les autres, des forts sur les faibles. La photographie des conséquences du système actuel mondialisé constitue pour eux une réalité naturelle, ce n’est pas un échec, c’est le résultat de la main invisible qui « auto-régule ». Pour eux la pensée libérale est la traduction du cours de l’histoire. Elle abolit l’idée de la construction de sa propre destinée en réhabilitant l’idée du destin déjà tracé. Quelle horreur de savoir que ce sont ceux qui sont censés être des nôtres qui portent le coup fatal.
« La Gauche peut mourir ». Non … La Gauche peut surtout être assassinée. Elle peut être poussée au suicide. C’est le meilleur moyen de rendre service au système libéral qui échoue devant nous, qui tient déjà difficilement sur un seul pied. La raison humaine nous pousse à la résistance car c’est le seul moyen de rendre plus supportable notre existence, de donner plus de valeur à notre dignité. La résistance est la seule loi qui nous permet de croire que tout est encore possible, qui nous permet de penser que le Président de la République a son secret sur sa stratégie et qu’il n’a nullement l’intention de capituler devant la contrainte libérale. Le courage est une valeur de gauche et une donnée essentielle de la politique. Nous en avons et nous ferons en sorte que ceux qui croient en nous n’aient point de doute là-dessus.